TRIBUNE LIBRE: Démolitions à l’ex-Difco: La Ville doit donner aux citoyens le temps de se faire une idée

 Le 8 décembre dernier, une séance publique d’information a eu lieu virtuellement pour permettre à la population de prendre connaissance des démolitions pour lesquelles le propriétaire de l’ex-Difco (filature) a obtenu un permis le 1er décembre.

Les nouvelles démolitions s’ajoutent à celles qui ont déjà été faites à l’arrière de la filature, le long de la rivière (bâtiments 2 et 2a sur la carte qui suit).

L’architecte Sylvain Pomerleau, sous contrat avec le propriétaire Anahid Hospitality Management inc. et/ou sa compagnie-sœur Armco Immobilier inc., a expliqué que la plupart des bâtiments de cette partie de l’ancien complexe textile seraient démolis pour diverses raisons et que, à la fin, il ne resterait probablement que l’édifice initial de la filature construite en 1883 (bâtiment 3) avec son annexe construite en 1920 (bâtiment 3a) et le bâtiment 5a construit en 1893.

Sur la carte qui suit, on peut voir ce qui resterait de l’ancienne filature une fois les démolitions complétées. Tout un dégagement : 9 des 14 bâtiments appartenant à Anahid Hospitality Management inc., selon ce qui a été présenté, disparaîtront!

Notre Collectif estime que la Ville va un peu vite en affaires en permettant dès maintenant une aussi importante démolition.

Qu’est-ce qui presse tant, tout à coup, alors que le propriétaire a laissé les bâtiments dans un abandon total depuis qu’il les a acquis en 2011?

Quel projet prendrait place sur le terrain dégagé et dans les bâtiments conservés? Le propriétaire ne le sait pas (ou ne le dit pas) en prétextant qu’il doit d’abord démolir tout autour pour voir dans quel état seront les bâtiments restés debout.

Les gens du quartier, qui ne sont pas gâtés en parcs, et la population en général, auront-ils accès à la rivière? La Ville dit qu’elle souhaite un tel accès, mais qu’elle n’a pas un grand pouvoir décisionnel parce que ce n’est pas elle qui est propriétaire du terrain. Le propriétaire parle d’une place publique devant les édifices 3 et 3a, mais reste flou sur ce concept de place publique et sur l’accès que la population y aurait.

À quoi pourraient servir les bâtiments afin de revitaliser la vie économique, sociale et culturelle du quartier? Nul ne le sait parce que c’est le propriétaire seul, selon ses intérêts, qui décide de tout.

Au début de 2020, quand le propriétaire a manifesté son intention de commencer enfin des travaux de mise en valeur de l’ancienne Difco, il a été dit que la première phase consisterait à dégager la façade des bâtiments 3 et 3a le long de la rivière et, ensuite, à retirer le revêtement qui a été superposé à la brique d’origine sur les autres bâtiments.

Voici d’ailleurs ce qui était écrit à ce sujet dans Le Reflet du lac du 14 février 2020 en citant M. Patrick Léo Dupont, le porte-parole d’Armco Immobilier :

« Si la Ville accepte la demande de permis, Armco procédera à la démolition de quelques bâtiments entourant et camouflant l’ancien bâtiment principal. Il s’agit essentiellement d’annexes ajoutées au fil des ans. Elles sont situées en bordure de la rivière Magog et l’extrémité sud de l’ancienne filature. L’enveloppe beige couvrant l’extrémité ouest serait aussi retirée si la Ville autorise la suite du dossier. Cet exercice pourrait durer trois mois. »

Qu’en est-il de ces bâtiments beiges recouverts de crépis ou de tôle industrielle? Voici ce qu’écrit, à ce sujet, l’historien Serge Gaudreau :

« En plus de la francisation de ses usines et de son personnel-cadre, qu’elle accéléra pendant les années soixante et soixante-dix, la compagnie s’attarda à transformer l’aspect extérieur de ses usines. Ce souhait avait été exprimé par la direction locale de la filature qui, tant au niveau des couleurs que des matériaux de revêtement, espérait faire oublier la brique rouge qui donnait une allure un peu vieillotte à la plupart des bâtiments.»

À cette lecture, on constate que ce revêtement sur les murs n’a pas été fait parce que les bâtiments étaient dans un mauvais état, mais bien parce qu’on voulait leur donner l’allure de bâtiments industriels contemporains.

Si les travaux autorisés se limitaient pour le moment à ce décapage des murs extérieurs, les citoyens pourraient voir quelle allure l’ensemble des bâtiments aurait et pourraient proposer des usages originaux qui répondraient aux besoins du quartier et aux besoins de notre société en pleine transformation au plan économique, écologique, social et culturel. C’est d’ailleurs ce que notre Collectif avait compris à la suite des réponses données par la Ville au début de 2020.

La Division des permis et inspections a-t-elle fait une erreur en délivrant un deuxième permis alors que le décapage des bâtiments prévus dans le premier permis n’était pas encore fait?

Nous l’ignorons, mais nous demandons à la Ville de Magog de trouver un moyen pour suspendre le permis délivré le 1er décembre dernier afin que les citoyens puissent voir l’état réel des bâtiments et pour qu’ils puissent enfin amorcer un dialogue constructif avec elle et avec le propriétaire de ces bâtiments.

 Le Collectif du Quartier-des-Tisserands de Magog