Jacques Demers, un acteur important de l’histoire régionale

PERSONNALITÉ 2020.  Lorsqu’il a fait son entrée à la mairie de Sainte-Catherine-de-Hatley en 2005, Jacques Demers était loin de se douter que ce poste allait le mener éventuellement dans le cercle des décideurs les plus influents en Estrie.

Quinze ans plus tard, M. Demers est encore le premier magistrat de cette municipalité de 2500 habitants, mais il est également président de six organisations d’importance, dont la Fédération québécoise des municipalités (FQM) et la Corporation ski et golf Mont-Orford.

Et il faut ajouter son rôle de préfet de la MRC de Memphrémagog depuis 2009, un poste que seul Roger Nicolet a occupé plus longtemps que lui (20 ans) dans le passé. «Par un drôle de hasard, je me suis souvent retrouvé dans des sièges qui avaient précédemment été occupés par M. Nicolet (un brillant ingénieur qui a aussi été maire d’Austin) et je dois dire que c’est tout un honneur, même si je suis bien loin d’être à son niveau. J’ai eu la chance de le côtoyer durant mon premier mandat (2005 à 2009) et c’était quelqu’un de grande envergure», estime l’homme de 53 ans, qui est en train de se tailler à son tour une grande place dans l’histoire régionale.

Ayant grandi sur une ferme de Stanstead-Est, Jacques Demers a pratiquement toujours flirté avec les milieux politique et agricole. «Dès l’âge de 12 ans, je m’occupais de l’Association des jeunes ruraux du Québec. Mon implication a commencé en région, mais j’ai ensuite accédé au conseil provincial. Au début des années 1990, j’ai aussi œuvré au sein du syndicat de la relève agricole. J’ai notamment une photo où l’on me voit en train de négocier avec l’ancien ministre de l’Agriculture, Yvon Picotte, se remémore-t-il.

Des parents comme modèles

Les parents de Jacques Demers, qui étaient aussi des personnes extrêmement engagées, lui ont servi de modèles à bien des égards. «Mon père était conseiller municipal et c’est un peu à cause de lui si Stanstead-Est s’est retrouvée à faire partie de la MRC de Coaticook, au lieu de Memphrémagog. Il avait fait valoir à ses collègues que la Municipalité avait plus d’affinités avec la région de Coaticook, en raison de son caractère agricole», se rappelle-t-il.

«De son côté, ma mère était grandement impliquée dans le mouvement agricole, autant au provincial qu’au national. Elle se rendait souvent dans des réunions à l’extérieur du Québec et mon père l’accompagnait comme conjoint, alors qu’on était habitué de voir le contraire à l’époque. Et bien sûr, ils prenaient ensemble toutes les décisions qui touchaient la ferme», tient-il à préciser.

En raison de son passé familial, Jacques Demers n’a jamais douté de l’importance de la représentativité homme/femme au sein d’un conseil municipal ou d’un gouvernement. «La parité est juste la normalité pour moi. J’ai grandi aux côtés de femmes leaders dans le milieu agricole. Ça remonte aussi loin qu’à ma grand-mère Blanche, qui en prenait plus sur ses épaules à la ferme, parce que mon grand-père avait un handicap physique», raconte-t-il avec beaucoup d’admiration.

Jacques Demers et sa soeur France ont été choisis personnalités de l’année 2020 par l’équipe du Reflet du Lac.

Inséminateur pendant un quart de siècle

Pressenti pour hériter de la ferme familiale parce qu’il était l’aîné de la famille, le jeune Jacques bifurquera plutôt vers une carrière d’inséminateur bovin au début de la vingtaine. Cette profession sera son principal gagne-pain pendant près de 25 ans. «Il y avait un important marché dans la région et on ne manquait pas de travail. Mais, j’ai dû vendre ma compagnie lorsque mes obligations politiques sont devenues trop prenantes. Ironiquement, j’étais le seul d’une famille de quatre qui se destinait à être agriculteur. Mais au final, je suis le seul qui ne fait plus partie de ce milieu», fait-il remarquer.

Père de trois enfants – âgés de 16 à 20 ans – et conjoint de Margerie Légaré depuis 22 ans, Jacques Demers a toujours été un homme près de sa famille, même si ses (très) nombreuses implications l’amènent régulièrement à l’extérieur de la maison.

«En temps normal, je vais deux ou trois fois par semaine à mon bureau de Québec (celui de la FQM) et je fais environ 80 000 km de route chaque année. Mais j’essaie de revenir coucher à la maison chaque soir, autant que possible. L’important est de savoir bien planifier son horaire», explique-t-il.

«J’aimerais par contre avoir un peu plus de temps pour faire de l’activité physique, car en faisant autant de route et en prenant des repas à la sauvette, on finit par prendre du poids», lance celui qui dit aimer tous les sports.

«Je dois dire cependant que j’ai beaucoup apprécié ma dernière saison de golf, car j’ai pu disputer une cinquantaine de parties. Mais, je n’étais toujours pas meilleur à la fin de l’été», ajoute-t-il en riant.

À l’aise avec la contestation

Reconnu pour son calme et son côté jovial, Jacques Demers s’est parfois retrouvé au coeur de dossiers controversés au cours des dernières années, notamment ceux touchant le Mont-Orford.

L’homme politique soutient être très à l’aise avec les avis contraires, surtout lorsqu’ils permettent de faire avancer les choses. «Je ne suis pas du genre à devenir nerveux lorsqu’il y a une certaine contestation. J’estime qu’il faut savoir écouter les gens. On me dit même que je suis parfois trop patient avec les autres. Si une situation suscite de la colère, c’est parce que quelque chose ne fonctionne pas et on doit essayer de trouver une solution», fait-il valoir.

«J’ai toutefois un peu plus de difficulté avec certains commentaires qui sont lancés sur les réseaux sociaux, parce qu’on n’a pas la chance de discuter directement avec ceux qui commentent. Lorsqu’ils t’abordent en personne, les gens sont rarement méchants et ça me fait toujours plaisir de leur répondre de vive voix.»

Grand «patron» de la Corporation ski & golf Mont-Orford, M. Demers se félicite encore aujourd’hui d’avoir participé à la sauvegarde de la station de ski en 2011. «La situation était critique, car le gouvernement voulait mettre la clé dans la porte et démanteler tout ça. On a eu seulement quatre jours pour former un organisme à but non lucratif», se rappelle-t-il.

«J’étais  possiblement l’un des pires skieurs de cette montagne, mais je savais une chose, c’est que la région ne pouvait se permettre de perdre un tel joyau. C’est immense quand on parle des retombées écononomiques, des emplois ou encore de la notoriété que cette station donne à la MRC de Memphrémagog.»

«On a eu raison d’y mettre des efforts. Depuis dix ans, on note une croissance et on peut se permettre des investissements. On est maintenant bien en selle», assure Jacques Demers.

Ce qu’il pense de sa sœur France choisie personnalité féminine de 2020)

«Elle n’était pas nécessairement destinée au milieu agricole, mais tout a changé lorsqu’elle a rencontré Serge (Beauvais, son futur mari). Elle met du temps et de la passion dans tout ce qu’elle fait et elle n’a jamais eu peur de s’impliquer.»

«C’est vraiment une femme authentique. Avec elle, vous êtes assurés d’avoir l’heure juste.»