Memphrémagog: presque sans client, l’hôtellerie craint un rude hiver

TOURISME Après une saison estivale très appréciable, l’industrie touristique de la MRC de Memphrémagog craint les prochains mois. L’inquiétude est même grimpée d’un cran avec l’arrivée de la zone rouge et malgré l’aide financière de 65,5 millions de dollars récemment annoncée par Québec.

C’est le président de Tourisme Memphrémagog (TM), Pierre Robinette, qui émet ce constat «réaliste». «L’hébergement est revenu à la case départ dès le début de la seconde vague de la pandémie en septembre, s’attriste-t-il. Nous sommes à peu près au même point mort qu’au printemps dernier. C’est presque l’hécatombe depuis que les restaurants sont fermés.»

Il craint des fermetures et des faillites, car les réservations sont très faibles pour les prochaines semaines. «Même l’approche de la saison de ski et du congé des Fêtes ne stimulent pas nos clients, s’inquiète M. Robinette. Et ce n’est pas le confinement d’une semaine avant et après les rassemblements permis à Noël qui va nous aider. Ça ne bougera pas vraiment jusqu’au 11 janvier, surtout que les déplacements interrégionaux ne sont pas recommandés.»

Il cite aussi en exemple la fermeture temporaire de l’Auberge de Jeunesse imposée par les mesures dictées par la zone d’alerte maximale. Quelques gîtes touristiques ont fermé ou sont à vendre. Les restaurants sont fermés au moins jusqu’au 11 janvier.

 

Un taux d’occupation anémique

Un sondage récemment effectué auprès des membres du secteur hébergement de Tourisme Memphrémagog chiffre entre 0 % et 10 % le taux d’occupation moyen des chambres depuis la mi-septembre. «C’est immense, surtout que ces chiffres incluent la clientèle des plus gros hôtels d’Orford, de Magog et du lac Massawippi, signale-t-il. On tombe de haut après notre moyenne de 90% de l’été.»

Pierre Robinette minimise l’aide financière récemment accordée par Québec pour soutenir le milieu touristique. Des 65,5 M$, une vingtaine de millions sont destinés aux régions de Montréal, Québec et de l’Outaouais. «38 M$ sont consacrés aux établissements de 4 à 300 chambres, donc des sommes dérisoires pour les petits gîtes», déplore celui qui possède d’ailleurs le B&B La Maison Drew à Magog.

Sans pouvoir livrer de chiffres précis, M. Robinette craint aussi que la crise sanitaire affecte un fort pourcentage des 3700 emplois touristiques de la MRC de Memphrémagog.

Il annonce que le nouveau conseil d’administration de Tourisme Memphrémagog est en pleine réflexion pour bonifier l’accompagnement de ses membres et stimuler l’économie régionale.

 

Pas de panique

Il refuse de céder à la panique. «Je ne suis pas ébranlé ni pessimiste, car je suis plutôt réaliste face à l’impact de la crise sanitaire sur l’économie de notre région, ajoute le président de TM. Je suis également épaté par la résilience et le désir de nos membres de travailler ensemble pour trouver des solutions.»

Il craint toutefois que la région perde de sa couleur et de sa diversité touristique, si des joueurs commencent à tomber.

Robinette comprend que la province ne pourra injecter indéfiniment de l’argent pour soutenir l’économie. Il demande toutefois à Québec, aux Municipalités et aux institutions financières d’alléger le fardeau fiscal des petites entreprises pour les aider à passer à travers la crise, et ce, sans que les entrepreneurs perdent leur chemise ou leur maison.