La croix des «4 Fourches» sera-t-elle reconstruite?

MONUMENT. Des citoyens espèrent que la Ville de Magog acceptera de faire reconstruire une nouvelle croix de chemin au coin de la route 112 et du chemin Southière, afin de remplacer celle qui a été enlevée il y a quelques mois pour cause de désuétude.

Aménagée en octobre 1934 par le défunt Ordre des Chevaliers de Carillon, cette installation était aussi connue comme la croix des «4 Fourches», en référence au nom populaire donné à ce secteur.

Elle avait été déplacée de quelques mètres à la fin des années 1990 par l’administration du Canton de Magog, afin de faciliter l’aménagement de la piste cyclable et piétonnière.

Au cours du printemps 2020, la Ville de Magog a toutefois décidé de la retirer, parce que son état était jugé dangereux. Le socle de pierre et la plaque d’identification ont cependant été laissés en place, et une petite croix de fortune, d’à peine un mètre de hauteur, y a été temporairement ancrée par une personne inconnue.

Projet de 40 000 $

Au cours des prochains mois, les autorités municipales devront décider du sort de ce symbole religieux et patrimonial.

La décision est loin d’être simple. La croix est située sur un terrain municipal, sauf qu’elle a été financée à l’origine par une organisation communautaire qui n’existe plus.

«Le dossier est à l’étude auprès de la division Patrimoine et Culture. Selon les premières estimations, les coûts de remplacement tourneraient autour de 40 000 $», explique la directrice des communications de la Ville de Magog, Claudia Fortin.

«Le projet de restauration sera présenté lors du prochain exercice budgétaire et le conseil municipal devra décider s’il l’accepte ou non. Si ce n’est pas cette année, ça pourrait être l’année suivante», laisse-t-elle planer.

Les Chevaliers de Colomb y tiennent

Parfois attribuée – à tort –  à l’organisation des Chevaliers de Colomb, la croix des «4 Fourches», est plutôt l’une des nombreuses croix de chemin qui ont été installées au Québec dans les années 1930 par l’Ordre des Chevaliers de Carillon.

Cette organisation, qui était particulièrement active en Estrie et dans la région de Montréal, visait à promouvoir la langue française et le catholicisme, afin de faire contrepoids à la culture anglophone. Elle a cessé ses activités à la fin des années 1930, parallèlement avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

En sol magogois, une autre croix de chemin a aussi été installée à la même époque sur un terrain privé du boulevard Bourque, dans le secteur Omerville.

Même si son organisation n’a aucun pouvoir légal sur cette infrastructure, le Grand Chevalier des Chevaliers de Colomb de Magog, Yvon Bélair, estime que ce monument doit être restauré afin de sauvegarder une parcelle d’histoire. «Cette croix fait partie intégrante de notre patrimoine. Elle nous rappelle que les Chevaliers de Carillon se sont battus pour que les Canadiens français soient mieux reconnus dans la société québécoise. Ce serait vraiment dommage qu’elle disparaisse du paysage», plaide ce grand bénévole, qui n’a jamais caché sa fibre nationaliste.

M. Bélair soutient même avoir fait des démarches pour faciliter le projet de restauration. «J’ai déjà trouvé un ébéniste qui serait prêt à la reconstruire, et je sais que certaines personnes seraient aussi intéressées à contribuer financièrement. J’estime malgré tout que la Ville devrait s’engager à financer au moins l’installation et les coûts d’entretien annuels», a-t-il lancé, tout en promettant de suivre attentivement le dossier.