TRIBUNE LIBRE: Le détail éloquent

L’équipe de bouche-trou de la voirie vient, pour la deuxième fois cette année, de calfeutrer les défauts dans l’asphalte de ma rue, laissés par le temps et un travail bâclé du passé. Donc deux fois plus souvent que l’unique visite du balai mécanique de la ville pour la même période. Si le proverbe soutient qu’il faut remettre cent fois son travail sur le métier, l’administrateur avisé vous dira qu’une tâche se doit d’être complétée en une seule occasion et de façon la plus économique, efficiente et efficace possible.

Sur mon trajet vers la boîte postale communale se trouve le dernier chef-d’œuvre de nos artisans. C’est une plaque rectangulaire et imposante de bitume, très bien compactée au rouleau, mais qui laisse, sur son abord, un trou tout aussi impressionnant. Vous me direz que le trou est petit et sans importance. Un détail, quoi? Mais ce vice est révélateur et il cri haut et fort l’incompétence du chef d’équipe, de l’insouciance de superviseur du chef d’équipe et la tactique trumpienne de l’administrateur en chef qui s’esquive devant ses responsabilités.

Le trou est petit, mais il est là. Sa présence et son ampleur, cependant, sont problématiques, car, trop tôt hélas, les pluies d’automne seront là, suivi du gel qui agita en toute liberté pour défaire un travail qui s’avérera médiocre à cause de cette faiblesse. Petit ne veut pas dire négligeable. Un écart dans le taux de globule, aussi minime soit-il, précipite une action immédiate chez un médecin compétent. Le dicton anglophone nous dit que le diable est dans les détails. La morale plus courante confirme qu’il est impossible de réaliser de grands projets si l’on est incapable, d’abord, de maîtriser les menus détails.

Impliqué, dans une autre vie, dans des projets de constructions et de rénovations importants ces travaux exigeaient le concours de nombreux fonctionnaires de différents paliers de l’administration à cause de l’approbation de budgets imposants. Or, jamais je n’ai vu un de ces individus sur le site d’un chantier. Qualifié de « souliers vernis » ces seigneurs refusaient de souiller la semelle de leur chaussure en visitant les lieux des travaux. En a-t-on dans notre administration? Et combien?

La prochaine administration devra combler les lacunes évidentes de gestion et rétablir prioritairement les fonctions d’une saine administration qui inclut la planification, l’organisation, la direction et le contrôle. Pour l’instant, est-il normal pour les contribuables d’accepter les dépenses accrues pour des travaux d’une qualité tellement déficiente, dans le domaine public, qu’ils ne seraient pas acceptés sur la propriété privée de l’un ou l’autre de nos administrateurs?

Jules Lalancette

Contribuable de Magog