TRIBUNE LIBRE: le Chéribourg doit retrouver sa quiétude

Le 15 juin dernier, le Conseil municipal d’Orford adoptait un projet de zonage pour le secteur du Chéribourg, ayant comme effet d’y interdire dorénavant la location de courte durée. Ce faisant, une majorité de résidentes et résidents ont poussé un soupir de soulagement alors qu’un groupe de locateurs ont poussé les hauts cris.

Il faut comprendre que le visage du Chéribourg a bien changé depuis sa création il y a une cinquantaine d’années. Ainsi, au cours des dernières décennies, on est passé de résidences secondaires, utilisées comme havre de paix par des propriétaires qui louaient sporadiquement leur chalet, à un usage de résidence principale au tournant des années 2000.  Aujourd’hui, les résident-e-s permanents forment le groupe le plus nombreux du secteur. Une association de propriétaires s’est créée et grâce à celle-ci et aux efforts collectifs, les boisés ont été nettoyés, une cascade et des fontaines ont été installées dans les étangs et surtout, une vie communautaire s’est instaurée.

Le cachet du Chéribourg a été récemment, oserai-je dire, bousculé par la vague de la location de type Airbnb. La majorité des propriétés qui se vendent sont maintenant achetées pour en faire de la location à court terme et c’est parfois le tiers d’une rue qui abrite ce type de location. De là, la prolifération de problèmes liés à des locataires ignorants des règlements municipaux ou peu intéressés à s’y conformer et à des locateurs qui ne peuvent garantir le respect de la quiétude des lieux ainsi que des règles en matière de sécurité, salubrité et de bruit.

Bien sûr, les milieux de vie changent, s’adaptent aux nouvelles réalités, mais dans une optique d’améliorer les choses et non le contraire. Le développement à la vitesse grand V de la formule de location court terme va à l’encontre du développement durable de la communauté. En effet, les problèmes de voisinage augmentent, des résidents quittent, les prix explosent rendant difficile l’accès à la propriété dans un secteur pas si longtemps encore accessible.

Des locateurs à court terme du Chéribourg possèdent plusieurs chalets (entre 4 à 8) et même une entreprise de location à l’échelle régionale. On est loin du propriétaire qui louait occasionnellement son chalet. Aujourd’hui, les annonces font valoir « une opportunité d’affaires pour votre petite entreprise de location à court terme ».  N’y a-t-il pas dérapage?

Pour les 186 signataires d’une pétition remise au Conseil, il était grandement temps que la Municipalité mette un frein à ce débordement. Ils ont alors tenu à signifier au Conseil municipal leur appui à la modification de zonage visant à rendre le Chéribourg exclusivement résidentiel. En accordant un droit acquis aux locateurs possédant déjà des autorisations en règle, le Conseil a fait preuve d’une position modérée et équilibrée qui devrait satisfaire les personnes de bonne volonté qui veulent contribuer à la quiétude du Chéribourg et à son esprit de communauté.

Il semble, toutefois, que pour certains locateurs l’octroi d’un droit acquis ne soit pas suffisant. Pourquoi? Se sentent-ils arrêter dans leur ambition d’accroître leur activité? Craignent-ils que la valeur de leur investissement ne grimpe pas aussi vite qu’espéré? Quoiqu’il en soit, les deux parties, résidents et locateurs, continueront à cohabiter. Il est donc incontournable qu’elles s’entendent pour partager et protéger ce milieu de vie unique.

Christiane Carle

Résidente du Chéribourg et signataire de la pétition