«Trions à la source, on ne recycle pas au Québec»

ENVIRONNEMENT. Le porte-parole de l’opération Verre-Vert appelle à la mise en place formelle d’un système de récupération du verre à travers le dépôt volontaire, afin que cette matière ne prenne plus le chemin de l’enfouissement.

Les demandes d’agrandissement des sites d’enfouissement de ces derniers mois dans le Québec inquiètent fortement le leader du comité citoyen. Plus de la moitié des matières recyclables produites par les Québécois finissent dans les dépotoirs. 72 % de verre et 65 % de plastique générés par les Québécois se retrouvaient dans les sites d’enfouissement selon Recyc-Québec.

Jean-Claude Thibault est convaincu que ces chiffres connus avant le lancement des projets pilotes de cueillette pourraient reculer si le système d’apport volontaire prend de l’ampleur. Il affirme qu’en vulgarisant les conteneurs, le Québec remporterait des gains écologiques et industriels à plus d’un titre : limiter l’accumulation des matières résiduelles et de relever la qualité de la production de verre.

Plus d’une cinquantaine de Municipalités acquièrent progressivement des conteneurs destinés au dépôt volontaire à Val-Saint-François. Dans cette MRC, plus de 199 tonnes de verres ont été acheminées en 8 mois à 2M ressources, le conditionneur de Saint-Jean-sur-Richelieu.

L’objectif retenu au conseil des maires est de 200 tonnes en une année. Ce conditionneur est par ailleurs passé de 1500 tonnes à 20 000 en 4 mois en raison du tri volontaire, des mesures de restrictions liées à la pandémie et la suspension des consignes.

L’état d’esprit des citoyens

M. Thibault attribue l’absence de recyclage à la paresse et à la propension à la facilité. «Entre les chiffres officiels et la réalité, il y’a une grande différence, mais c’est une démonstration très difficile à faire», dit-il.

Pour illustrer l’écart, il examine une estimation de Recyc-Québec selon laquelle le verre correspond à 15 % du poids de la matière résiduelle. Cette affirmation est vraie si on considère les matières résiduelles dans l’ensemble, mais les données changeraient dit-il, à l’issue d’une caractérisation dans les bacs bleus. «En inventant les bacs fourre-tout, on a rendu les citoyens paresseux et on les a convaincus qu’ils n’étaient pas capables de trier à la source», explique Jean-Claude Thibault.

Le tri volontaire conduirait le Québec vers des conteneurs distincts de verre, de carton et de plastique pour accéder à l’objectif ville zéro déchet que le gouvernement s’est fixé d’ici 2030. Malgré les pressions des lobbys, le Québec a élargi en début d’année les consignes à toutes les bouteilles de verre, de carton, de métal et de plastique, et aux bouteilles de vin et de spiritueux. «On a résisté parce que c’est le souhait de la population de vivre enfin avec les normes qu’on devrait se donner au XXIe siècle», justifiait le premier ministre François Legault. M. Thibault souhaite que la Société des alcools du Québec (SAQ) se mette à la récupération comme son homologue ontarien Liquor Control Board of Ontario (LCBO).

Avant la pandémie de Covid-19, Ottawa et les provinces s’étaient déjà entendus pour élaborer un plan d’action visant à harmoniser progressivement le recyclage et la réduction des déchets de plastique, mais les détails de cette stratégie nationale n’ont pas été précisés.