TRIBINE LIBRE: Le Mont-Orford kidnappé

La prudente sortie du confinement au Québec s’accompagne d’une urgence de sortir, d’aller prendre l’air, d’aller dans la nature. On ne sait pas si une deuxième vague nous attend à la rentrée et beaucoup se demandent comment ils vont s’en sortir avec les incertitudes organisationnelles, économiques et financières. Pour tous, passer quelques heures dehors, est le premier remède à l’anxiété et aux restrictions qu’il faut accepter. Il faut bouger, nous dit le directeur de la santé publique, le Dr Arruda.

Pour aider l’économie et les Québécois, le gouvernement du Québec a lancé des programmes pour stimuler la consommation et le tourisme locaux. Cette aide destinée à faciliter l’accès à des vacances ici a eu un succès instantané qui montre combien elle tombe à point nommé.

Par exemple, la spectaculaire réduction de 50% sur la carte annuelle de la SEPAQ, assortie de rabais sur des activités, des nuits de camping et d’autres produits donne la chance à beaucoup de gens d’échapper aux vacances à Balconville et d’aller se ressourcer dans les trésors de la nature.

Autres exemples : le programme « Explore Québec » offre des rabais alléchants sur des forfaits de voyage en région. Celui du « Passeport Attraits »« donne accès à 450 lieux et événements touristiques à travers le Québec… Les deux premières visites d’endroits participants sont réduites de 20%, la troisième de 30%, la quatrième de 40 % ».

Puisqu’ «il faut bouger » et s’aérer le corps et l’esprit, le ministère du Tourisme a mis en ligne une belle page sur la randonnée, rattachée à l’histoire des coureurs des bois : https://www.bonjourquebec.com/fr-ca/quoi-faire/randonnee-pedestre.

Toutes ces annonces, qui facilitent un déconfinement heureux et des vacances chez nous, sont faites par des personnes aux postes de responsabilité, comme la ministre du Tourisme, madame Caroline Proulx, monsieur Yves Lalumière, PDG de Tourisme Montréal, François-G. Chevrier, directeur général d’Événements Attractions Québec, etc.

Pendant ce temps, avec une maladresse et une mesquinerie incroyables, la Corporation Ski & Golf Mont-Orford va complètement à contre-courant en décidant d’imposer aux randonneurs une tarification pour monter à pied le mont Orford et des restrictions d’accès inacceptables. On se demande quelle sorte de gestion et de marketing il faut pratiquer pour faire exactement le contraire de ce que l’ensemble du Québec s’efforce de faire pour améliorer le sort de tous et contribuer au bien commun? Au lieu de participer à l’effort collectif d’entraide et de remise sur pied – aux sens propre et figuré – d’un peuple très éprouvé par l’immense crise sanitaire et économique, la corporation veut, pour la première fois de notre histoire, faire payer les marcheurs, pour une activité sur une terre publique qui ne devrait coûter que leur paire de chaussures et leurs efforts, à tous ceux qui la pratiquent. C’est un non-sens et un scandale.

C’est un non-sens de nuire au lieu d’aider : les 17 000 signataires de la pétition qui s’oppose à cette tarification manifestent clairement que ce projet de tarification n’a aucune acceptabilité sociale, et qu’il fait tache dans l’élan de solidarité nécessaire à un déconfinement réussi.

C’est un scandale et une injustice quand on voit la main cupide de la Corporation dans chaque poche, y prélevant 8 $ à chaque montée. Et pourquoi? Pour éponger un trou de 300 000 $, résultat d’une budgétisation loufoque, d’investissements faramineux, d’erreurs financières? Elle n’offre rien en retour aux marcheurs, sinon un paysage en voie de détérioration, parcouru par les camions, d’affreux tuyaux de canon à neige, un ruisseau de montagne traité comme un égout, des traces de grosse machinerie (roues, chenilles et huile à moteur), des grillages…

Nous nous adressons aux hauts responsables politiques pour qu’ils obligent la Corporation Ski & Golf Mont-Orford à refaire son budget et à laisser les marcheurs qui ne cherchent qu’une activité stimulante et gratuite : respirer et marcher.

 Marie G. Guiomar

Sherbrooke