TRIBUNE LIBRE: Internet haute vitesse: pour une action immédiate des gouvernements à Austin

À Austin, quand un citoyen demande à un autre : « Et toi, l’as-tu? », il ne parle pas de la COVID-19, mais d’Internet haute vitesse. En effet, sur le petit territoire d’Austin, certains ont le privilège d’être branchés à Internet avec Bell ou Câble Axion, et d’autres doivent se contenter d’une connexion à 5 mégabits offerte à prix fort par ExplorNet, ou doivent aller surfer dans l’entrée de voisins accommodants, à la halte routière ou dans le stationnement de l’hôtel de ville. En 2020!

Bref, le territoire ressemble à un immense gruyère, où certains « l’ont » et d’autres espèrent.

Nous, les non-branchés, étions donc extrêmement heureux de l’annonce, le 21 mai dernier, d’une enveloppe de 150 millions $ pour réaliser le branchement à Internet haute vitesse, avec « couverture très complète d’ici l’automne 2022 », et de la création d’une table de coordination réunissant Hydro-Québec, Telus, Bell Canada et autres pour accélérer les choses.

Après au moins trois annonces semblables depuis dix ans, sans que quoi ce soit ne se concrétise à Austin, il semblait bien que cette fois, ce soit notre tour. Et que nous serions enfin débarrassés de Civimetrix, qui promettait mer et monde en 2016, a reçu une subvention de plus de 3 millions et n’a absolument rien fait depuis.

Malheureusement, notre Municipalité continue d’appuyer sans réserve Civimetrix et son « projet pilote » aussi flou que pharaonique, qui promettait au départ de la fibre optique enfouie, des tracteurs de ferme qui se conduiraient tout seuls et même la gestion numérique de nos conteneurs à ordures (The Sherbrooke Reader, 23 janvier 2018).

On nous disait au départ que la Municipalité investissait dans l’aventure (car ça en est bien une), puis, quelques années plus tard, on nous répondait que « la Municipalité n’a rien à voir là-dedans, c’est entre Civimetrix et le gouvernement. » Il est vrai qu’Austin a envoyé une lettre d’intérêt à Civimetrix pour la création d’une « entreprise conjointe » appelée CiviNet (procès-verbal de l’assemblée du conseil municipal d’Austin du 5 décembre 2016), et encore là, rien de concret n’a vu le jour.

En 2017, la Municipalité annonçait un projet qui « permettrait à Austin de déployer son propre réseau de fibre optique » (Le Reflet du Lac, 12 novembre 2017), puis promettait Internet « avant la fin de 2018 ». Toujours rien à l’horizon. Ni échéancier, ni appel de propositions. Rien.

Pour nous, poursuivre avec Civimetrix est aussi incompréhensible qu’inacceptable. Surtout quand on sait que Civimétrix, qui nous a été présentée en 2017 comme une compagnie d’envergure qui avait réalisé plusieurs projets à l’international n’a ni site Web, ni siège social, ni employés et aurait dû, selon les réponses qui nous ont été données récemment au conseil municipal, reprendre à zéro son montage financier pour réaliser le projet d’Austin, car les gouvernements demandent que l’entreprise ait au moins trois ans d’expérience dans le domaine, ce qui n’est pas le cas pour Civimetrix.

Les dernières réponses aux questions des citoyens faisaient état d’un projet qui, au mieux, ne serait ni déposé ni mis en œuvre avant au moins quatre ans. Or, Civimetrix n’a réalisé aucun projet concret à ce jour, ni à Austin, ni ailleurs. Les projets annoncés par cette entreprise sont toujours demeurés de beaux rêves sur papier. Comment fera Civimetrix pour réaliser le projet d’Austin? Nul ne le sait, car aucun plan d’affaires ni échéancier n’ont été présentés.

Cette situation est à la fois frustrante et inquiétante pour nous, d’autant plus que nous sommes dans l’impossibilité de savoir pourquoi l’appui de notre Municipalité à cette entreprise fantôme est aussi inconditionnel et aussi manifeste.

Il y a urgence d’agir. Plusieurs citoyens sont en télétravail et ne peuvent exercer adéquatement leurs fonctions. Des travailleurs autonomes et des microentreprises sont brimés et perdent des contrats. Les cours virtuels dans les écoles sont en préparation et seront inaccessibles pour plusieurs familles et étudiants de chez nous. Comment attirer de nouvelles familles sans accès Internet fiable et rapide?

Nous ne doutons aucunement de la bonne volonté de notre administration municipale de nous brancher à Internet haute vitesse. Les nombreuses études, la coopérative, les comités et les autres démarches des 15 dernières années en témoignent. Mais devant l’absence de résultats concrets, un constat s’impose : ces multiples efforts, tout comme le projet flou de Civimetrix, ne livrent pas la marchandise et le moment est venu de tourner la page.

Voilà pourquoi nous demandons par la présente à Gilles Bélanger, député provincial d’Orford, en qui nous fondons beaucoup d’espoir, et à Lyne Bessette, députée fédérale de Brome-Missisquoi, d’intervenir sans tarder pour qu’Austin soit parmi les municipalités qui seront branchées dans le cadre du programme annoncé le 21 mai et que Civimetrix soit définitivement écartée du dossier. Il en va de la survie et du dynamisme économique de notre municipalité.

Voilà pourquoi également nous signons, en notre nom et en celui des autres citoyens non-branchés d’Austin,

Louise Allaire et Pierre Marcil

Danielle Bergeron et Robert Fortier

Benoît Bouré

Serge Bouton

Pierre Boyer-Mercier

Micheline et Richard Deshaies

Patrick Evenou

Gilles Larouche

Brigitte Latulippe

Catherine Lemonnier

Jean-Pierre Lemonnier

Isabelle Leprohon

Lise Messier et Michel Rousseau

Marc Paquet et Danielle Grégoire

Hélène Pâquet

Jocelyn Plante

Alena Prochazka