TRIBUNE LIBRE: Une autre vision pour assurer la pérennité des activités de la station de ski

Les objectifs de la direction de la Station de ski du Mont-Orford sont plutôt vagues. Où exactement ira l’argent des randonneurs? Cela reste flou. Solution novatrice pour remplir la caisse? Non. Plutôt facile et prévisible et définitivement pas en avance sur notre temps. Les gestionnaires de la station de ski du Mont-Orford, qui ont assurément une lourde tâche, se démarqueront inévitablement avec cette tarification, car ils seront bien les seuls, selon mes recherches sur les centres de ski nord-américains (Whistler, Big White, Mont-Tremblant, Killington, Mont-Bellevue et je pourrais probablement en citer d’innombrables autres), à imposer un tarif pour accéder à des chemins depuis longtemps développés (est-ce que la 4 km n’est pas utilisée par des véhicules moteurs depuis le début des activités d’hiver pour que des équipes techniques atteignent le sommet où se trouve l’antenne?).

La station de ski du Mont-Orford n’est pas Bromont ni Owl’s Head, toutes deux des propriétés privées. Et si Owl’s Head est privée, ses anciens et ses présents propriétaires n’ont certainement aucun problème à laisser des randonneurs marcher sur leurs pistes de ski en été. Je pense que ce type de tarification n’est pas approprié, notamment lorsque ce sont des terres publiques et que  les bénéfices à la santé d’une marche sont trop importants pour l’ensemble de notre société pour y mettre un prix qui agit comme un frein.

Le Québec se démarque non seulement du reste de l’Amérique du Nord, mais également de l’Europe par cette obsession obnubilante à vendre des tickets aux gens qui veulent simplement marcher dans une nature déjà impactée par des activités humaines, notamment sur une montagne qui appartient à la collectivité.

S’il s’agit de faire de l’argent, n’est-il pas préférable de faire payer un stationnement et de laisser les gens marcher gratuitement à la station? Ce n’est pas la même philosophie.

Ensuite, faisons en sorte qu’après leur randonnée, les visiteurs restent à manger une bouchée à la cantine ou achètent un petit souvenir à la boutique avec l’effigie du Mont-Orford (quoi il n’y a pas boutique de souvenirs? Ma foi, il est temps de prendre exemple sur Whistler-Blackcomb!) De plus, si une des motivations premières des gestionnaires est d’améliorer la qualité de l’expérience de la montagne et la sécurité des sentiers de randonnée, réduire l’érosion et préserver des sites particulièrement vulnérables, il existe, à peu près partout ailleurs au Canada, USA et Europe, mais pas au Québec (enfin pas aussi développée) une formidable tradition de groupe de bénévoles appelés les Clubs Alpins, des bénévoles qui donnent de leur temps pour créer, restaurer et améliorer des sentiers. Ainsi n’importe qui de la communauté et de l’extérieur peut s’impliquer pour la pérennité d’un site qui, à leurs yeux, vaut la peine d’être partagée avec tout le monde. Pensez-y: le Club Alpin des sentiers de marche de la Station de ski du Mont-Orford (ou CASMSSMO). La boutique pourrait en vendre des T-shirts avec ça dessus, non?

 Catherine Guay

Magog