Des érablières en eaux troubles

FERMETURE. Alors que la saison des sucres bat son plein, plusieurs propriétaires d’érablières se retrouvent pris entre l’arbre et l’écorce, en raison des mesures restrictives annoncées il y a une dizaine de jours par le gouvernement Legault.

Depuis le 16 mars dernier, les cabanes à sucre du Québec ne peuvent plus accueillir de groupes, au même titre que les restaurants, centres sportifs, lieux culturels et autres endroits reliés aux loisirs.

Cette annonce a eu l’effet d’une douche froide sur Serge Beauvais et France Demers, copropriétaires de l’Érablière Ferme Magolait (Magog), qui avaient des réservations tous les week-ends jusqu’à la fin du mois d’avril. «On pu ouvrir seulement lors des deux premières fins de semaine (de mars). On s’attendait à accueillir entre 3 et 4000 personnes cette saison, mais on devra plutôt se contenter de 600», se désole Mme Demers, une femme fortement impliquée dans le milieu agricole estrien.

«On avait investi pas mal d’argent pour offrir une cabane à sucre «5 étoiles» et on comptait beaucoup sur nos réservations pour boucler notre budget. Ce sera pour nous une grosse perte financière. », ajoute M. Beauvais, qui participe cette semaine à une rencontre afin d’élaborer un programme de compensations pour les producteurs acéricoles.

En plus de devoir congédier quelques employés, le couple Beauvais-Demers se retrouve avec un bonne quantité de produits dérivés sur les bras, dont les traditionnelles cannes de sirop, la tire et les cornets à l’érable. «J’écoulais la majorité de ces produits auprès des clients qui venaient prendre un repas à la cabane à sucre. J’ai tâté le pouls auprès des restaurants de la région pour vérifier s’il y avait des besoins, mais leur situation n’est pas plus rose que la nôtre. Et avec le contexte économique actuel, les gens vont certainement prioriser le pain et le lait avant de s’acheter du sirop», a reconnu France Demers.

Les populaires agriculteurs espèrent malgré tout pouvoir écouler une partie de leur marchandise auprès de la population locale. «Les gens peuvent nous téléphoner (819 868-0202) ou utiliser notre page Facebook, et il me fera plaisir de préparer leur commande. C’est important qu’ils nous avertissent avant de passer, car en plus de l’érablière, on doit également s’occuper de notre ferme laitière», a précisé la femme d’affaires, avec un sourire en coin.