Blocus ferroviaire: des impacts majeurs chez Nouryon à Magog

IMPACTS. Le blocus ferroviaire qui sévit aux quatre coins du pays donne bien des maux de tête aux gestionnaires de l’usine Nouryon à Magog, dont la matière première et le produit fini sont transportés par wagons.

Les dernières semaines ont été particulièrement éprouvantes pour l’entreprise magogoise, qui a été contrainte de ralentir sa production à un niveau jamais vu depuis plus de 15 ans. «Nous nous étions sortis relativement bien de la crise entourant la grève du Canadien Pacifique, en novembre dernier. Mais celle qui sévit actuellement nous a frappés plus rapidement et il y a beaucoup plus d’imprévus que nous l’avions planifié», reconnaît le directeur de l’usine, Mathieu Hade.

Le problème est que Nouryon utilise le sel comme principale matière première pour fabriquer son produit fini, soit du chlorate du sodium, qui est utilisé par les papetières pour blanchir la pâte. Deux substances qui sont reçues et expédiées par voie ferroviaire. Depuis le début du blocus, le ravitaillement et les expéditions se font au ralenti, obligeant l’entreprise à produire au minimum de ce qu’elle est capable de fonctionner.

D’autant plus que les fournisseurs sont confrontés à la même réalité, donc incapables de livrer la marchandise dans les délais habituels.

Des retards qui ont un effet domino sur l’ensemble de la chaîne.  «Nous avons envisagé plusieurs scénarios, dont celui de pallier par le transport routier. Le problème est que la demande est très forte actuellement, donc les camions se font très rares», constate le directeur.

 

Le marathon au lieu du sprint

Et la situation aurait pu s’avérer encore plus critique lorsque des manifestants ont effectué un barrage dans le secteur de Lennoxville, à Sherbrooke, le 25 février dernier.

Un blocage inattendu qui a fait craindre le pire, reconnaît Mathieu Hade. «Si ce tronçon était demeuré inaccessible plus longtemps, il aurait fallu envisager le pire scénario à très court terme, c’est-à-dire une fermeture temporaire de l’usine. Mais nous n’en sommes pas là et cette option est loin de faire partie du style de notre entreprise», assure-t-il.

«Actuellement, malgré la crise, la situation est stable. Nous faisons le maximum pour rester en vie en produisant à plus petite échelle, poursuit le principal intéressé. C’est la théorie du marathon au lieu de celle du sprint. Tous nos employés, qui sont plus d’une cinquantaine, font leur possible pour s’adapter à la situation et trouver des solutions.»

Ce dernier rappelle que cette baisse de régime affecte directement l’entreprise voisine, Messer Canada. Cette dernière utilise comme matière première l’hydrogène produit par Nouryon dans son procédé de fabrication.