Retraite de Sylvain Guay après 33 ans dans la police

SÉCURITÉ. Grand départ à la Régie de police Memphrémagog (RPM) avec la retraite de Sylvain Guay, qui quitte ses fonctions après une carrière de 33 ans dans les forces de l’ordre.

L’homme de 55 ans a occupé plusieurs postes depuis ses premières années comme patrouilleur à Magog. Il a réalisé de nombreuses enquêtes pendant une vingtaine d’années avant d’occuper le poste de lieutenant à la gendarmerie dans l’état-major.

Parmi ses nombreux souvenirs, il note son entrée à La Ruche, en 1992. Il a été le premier policier au Québec à être présent à temps plein dans une école secondaire. «Je suis bien fier de cette réalisation, car on s’est attaqué aux stupéfiants en faisant de nombreuses perquisitions et des arrestations chez les revendeurs qui sollicitaient les jeunes.»

Il fait ses adieux à une profession qu’il adore. Il crie mission accomplie, surtout que lui et ses confrères ont réussi à surmonter le défi du changement technologique. «On rédigeait nos rapports d’enquête à la main avant l’arrivée de l’informatique, raconte-t-il. La technologie nous aide beaucoup dans nos interventions et pour améliorer nos preuves au tribunal, mais les criminels s’en servent beaucoup aussi pour frauder ou commettre des délits de nature sexuelle.»

Sylvain Guay était aux premières loges pour observer l’évolution de la police. Un des principaux changements, à ses yeux, est l’arrivée des interventions de nature sociale. Il estime à environ 70% la proportion du travail des policiers pour des dossiers de problème de santé mentale, de violence conjugale, de tentative de suicide, etc.

«Ce volet a connu une gigantesque ascension, spécifie-t-il. D’un appel par mois à l’époque, nous grimpons parfois à trois appels par jour aujourd’hui pour des problèmes de santé mentale. Une chance qu’on a des formations en ce sens et qu’on collabore avec des organismes et travailleurs sociaux pour améliorer nos interventions.»

«Le policier d’aujourd’hui joue de nombreux rôles pour maintenir la paix, dit-il. Ça fait partie de notre mandat, mais on doit s’adapter aux changements.»

Des enquêtes marquantes

M. Guay a collaboré à plusieurs enquêtes. Certains dossiers l’ont marqué plus que d’autres, car il se considère comme un homme sensible qui «met ses tripes sur la table pour enquêter».

Le meurtre de Céline Carrière, dans le secteur Omerville, l’a bouleversé au début des années 2000. «C’est difficile et triste d’enquêter sur des gens qu’on connaît et qui n’ont jamais eu de trouble avec la justice, confie-t-il. Mais il faut faire notre travail.»

Toujours à l’aube des années 2000, il collabore à une sordide histoire sortie tout droit d’un film d’horreur. Le dossier de Rénald Côté le hante encore. Lui et ses deux fils ont abusé sexuellement et torturé la plus jeune de la famille. Isabelle a été victime d’agressions dès l’âge de 4 ans. Elle est décédée à 22 ans avant la fin du procès. «Ça m’a empêché de dormir, témoigne-t-il. Ça m’affecte encore qu’elle soit morte avant que justice soit rendue.»

Bon souvenir

Le travail d’équipe avec les policiers, enquêteurs, personnel civil, secrétaires, répartiteurs et la population représente le meilleur souvenir de ses trois décennies au service de l’ordre. «Toute cette chaîne est importante et chacun joue un rôle important, détaille-t-il. Tous contribuent à la réussite des interventions ou pour faire condamner les criminels.»

Même si servir la population demeure très difficile à son avis, il croit bien humblement avoir contribué à la sécurité de la population. «J’ai donné toujours le meilleur de moi-même, car les gens méritent d’être protégés au maximum», insiste-t-il.

Contre la légalisation du cannabis

La récente légalisation du cannabis laisse toutefois un goût amer dans la bouche de Sylvain Guay, et ce, au terme d’une longue carrière.

«J’ai trouvé ça dur, peste-t-il encore. Le Canada a légalisé le pot le jour de ma fête le 17 octobre 2018 même si j’ai combattu ce fléau et défoncé des portes lors de perquisitions pendant toute ma carrière. J’ai vu des familles en détresse, des consommateurs devenir schizophrènes, des vols de parents ou à l’étalage pour payer des dettes, ou se faire péter la gueule, car incapable de payer sa drogue. Tout ça, c’est à cause du pot, ce produit aujourd’hui légal. Il n’y a pourtant rien de bon là-dedans.»

Sylvain Guay a connu quatre chefs à titre de policier-pompier à Magog et de policier à la RPM pendant 33 ans, en l’occurrence Stéphane Roy, Roland Croteau, Adrien Mercier et Guy Roy.

Sylvain Guay quitte avec le sentiment du devoir accompli. (Photo le Reflet du Lac – Dany Jacques)