Yves Grandmaison prêche par l’exemple et par l’action

PERSONNALITÉ. S’il existait un temple de la renommée pour les bénévoles québécois, Yves Grandmaison en ferait partie depuis belle lurette. On pourrait même penser qu’un jour, un édifice ou une rue de Magog portera son nom.

Mais pour l’homme de 76 ans, les honneurs peuvent bien attendre. Les gestes d’action, eux, sont prioritaires.

Au cours de la dernière année, il a entre autres continué de s’investir dans une foule d’organismes communautaires et sportifs, il a poursuivi son boulot de coiffeur pour hommes au centre-ville de Magog et il a enregistré une autre saison de l’émission «Le barbier de sa ville».

Le réseau Cogéco (NousTV) lui a d’ailleurs remis un prix reconnaissance pour son animation lors de son gala annuel, en novembre dernier.

Trop tôt pour la retraite

Encore aujourd’hui, même après plus de 50 ans d’implication dans la communauté, l’illustre Magogois prêche par l’exemple et ne veut rien savoir du mot «retraite». «Même jeune, je n’avais pas de demi-mesure. Lorsque j’étais pensionnaire, durant mon adolescence, les religieux m’ont appris l’importance de bien faire toutes les tâches, les petites comme les grandes. Et je suis convaincu que le plus bel héritage qu’on peut laisser à ses enfants, c’est de leur montrer à bien travailler», fait valoir le natif de Saint-Pacôme-de-Kamouraska.

Impliqué depuis une quarantaine d’années au sein de la Fondation Constance-Langlois, M. Grandmaison a quitté la présidence de cet organisme en 2019, mais il n’en demeure pas moins un allié de taille pour les personnes handicapées.

D’ailleurs, combien de fois l’a-t-on vu mettre la main dans sa poche ou solliciter l’un de ses nombreux contacts pour venir en aide à des gens démunis? «Si tu donnes, tu vas recevoir à ton tour d’une quelconque façon. Mais, il ne faut pas s’attendre à ce que ce soit les mêmes gens qui te retournent l’ascenseur», prévient-il.

Seulement cinq heures de sommeil

Malgré ses «trois quarts de siècle» bien sonnés, Yves Grandmaison en étourdit plusieurs avec son rythme de vie.

En plus de son travail et de son implication bénévole, il prend le temps de jouer entre 20 et 25 parties de golf chaque été.

Et pour ses quatre enfants, il s’avère l’homme à tout faire par excellence. «J’ai toujours aimé travailler à l’extérieur. Quand c’est le temps de peinturer une galerie, de couper du bois ou d’installer les décorations de Noël, j’adore donner un coup de main. Je suis chanceux, car j’ai seulement besoin de cinq heures de sommeil par nuit», plaide-t-il.

Depuis plus de 50 ans,Yves Grandmaison peut compter sur sa fidèle complice et épouse Yolande, pour l’épauler dans ses nombreuses implications. (Photo Le Reflet du Lac – Archives/Pierre-Olivier Girard)

À une époque où le concept de «l’homme rose» était à peine connu, le sympathique Magogois était déjà avant-gardiste. «C’était normal pour moi de participer à l’éducation des enfants. J’en ai fait du lavage et changé des couches. Et chaque hiver, j’aménageais une patinoire extérieure pour que mes enfants et ceux du quartier puissent s’y amuser», se remémore-t-il.

Sa complice à la rescousse

Aussi moderne et allumé soit-il, Yves Grandmaison avoue cependant avoir toujours été néophyte en matière de technologie. «Je n’ai jamais eu de cellulaire et je n’utilise pas d’ordinateur; mes notes, je les inscris sur un calepin. Et quand j’ai affaire à quelqu’un, je l’appelle ou je lui parle directement», soutient-il.

«Et si jamais j’ai besoin d’envoyer un courriel, je peux compter sur mon épouse Yolande pour le faire à ma place. Au fil des ans, elle s’est avérée pour moi une précieuse collaboratrice et une excellente secrétaire», conclut-il en riant.

Un p’tit mensonge… pour dénicher du travail

Après avoir tâté différents métiers dans sa jeune vie d’adulte – il a notamment été cueilleur de pommes de terre dans le Maine – , Yves Grandmaison s’établit à Magog en 1965, alors que sa future épouse, Yolande, vient d’y dénicher un emploi comme infirmière.

De son côté, le jeune homme du Bas-du-Fleuve se fait embaucher comme coiffeur pour hommes auprès d’une clientèle à forte proportion anglophone, et ce, même s’il baragouine à peine l’anglais. «J’ai dit au patron que j’étais bilingue, mais c’était complètement faux. Je travaillais dans le secteur qu’on appelait autrefois «Pocheville» (près du chemin de Georgeville), et je savais que j’aurais plusieurs clients de la communauté anglophone. Je n’ai pas eu le choix d’apprendre rapidement à me débrouiller dans une autre langue», avoue-t-il en riant.

Des concitoyens inspirants

Prenant exemple sur d’autres citoyens engagés, M. Grandmaison ne tarde pas, lui aussi, à s’impliquer dans la communauté.

Parents-Secours, la Jeune chambre de commerce, l’Association des coiffeurs de Sherbrooke, le Club Optimiste Magog-Orford, le Tournoi atome pee-wee, la Traversée internationale du lac Memphrémagog et le Souper des 51 ne sont qu’un échantillonnage des organismes qu’il a supportés ou cofondés au fil des décennies.

Longtemps reconnu par sa célèbre moustache, Yves Grandmaison pratique le métier de coiffeur à Magog depuis plus de 50 ans. (Photo Le Reflet du Lac – Archives)

«J’ai même donné des cours de préparation au mariage durant cinq ans», précise ce touche-à-tout.

«Quand je suis arrivé à Magog, j’ai été inspiré par un gars comme Louis Faucher (un grand bénévole, maintenant décédé). Aujourd’hui, j’ai encore beaucoup d’admiration pour des hommes comme Michel Lapierre et Pierre Cabana», mentionne-t-il.

Une défaite électorale providentielle

Yves Grandmaison est un homme fort populaire à Magog, à qui il est très difficile de dire non. Une seule fois a-t-il été rabroué par ses concitoyens, qui, sans le vouloir, ont rendu un fier service à la communauté.

Au début des années 1990, le célèbre barbier magogois se laisse convaincre de tenter sa chance aux élections municipales, dans le but de mettre fin au règne du maire sortant Paul-René Gilbert.

Ce dernier est toutefois réélu par une forte majorité, empêchant M. Grandmaison de faire son entrée à l’Hôtel de Ville.

Cette défaite électorale aura servi de leçon au principal intéressé et aura été bénéfique pour plusieurs organismes. «Si j’avais été élu, j’aurais dû délaisser plusieurs engagements, j’aurais sans doute mis mon métier de coiffeur sur la glace et j’aurais peut-être négligé mes enfants. Le résultat de cette élection est sans doute la meilleure chose qui pouvait m’arriver», estime-t-il, même après toutes ces années.

«J’ai toutefois beaucoup d’admiration pour ceux qui choisissent cette voie. Ces gens-là s’impliquent pratiquement jour et nuit», louange-t-il.