Volée par une employée, la docteure Dorothée Garant raconte son calvaire

TÉMOIGNAGE. Les deux dernières années ont été très éprouvantes pour Dorothée Garant, qui a été victime d’une importante fraude au sein de son entreprise. Encore aujourd’hui, la docteure vit avec les dommages collatéraux de ce véritable coup de poignard dans le dos.

La vie de Dorothée Garant a littéralement frappé un mur en novembre 2017. À ce moment, celle qui opère la Clinique de soins esthétiques Po+ à Magog découvrait ce qu’elle croyait pourtant impossible. L’une de ses employées, avec qui elle travaillait depuis trois ans, lui avait dérobé des milliers de dollars à son insu.

Un constat reçu comme une véritable onde de choc. «On pense tout le temps que ça arrive seulement aux autres et je suis médecin de carrière, et non une femme d’affaires. Quand on est jeune entrepreneure, on fait parfois l’erreur d’engager des gens sans regarder le dossier criminel, mais il faut prendre le temps de le faire. C’est le meilleur conseil que je peux donner à tout le monde», partage la médecin.

Cette «trahison» est d’autant plus douloureuse pour la victime, qui considérait la fraudeuse pratiquement comme une membre de sa famille. Elle lui avait même accordé sa confiance, malgré la découverte, quelques mois après son embauche, d’antécédents judiciaires qui lui avaient été cachés lors de l’entrevue. «Elle disait que c’était des erreurs de jeunesse et que ça appartenait au passé, raconte-t-elle. Comme médecin, on veut sauver le monde et on croit à l’humanité. Je l’ai crue et j’ai accepté de lui donner une deuxième chance. Mais je me suis fait carrément manipuler.»

Pourtant, Dorothée Garant ne lui avait pas accordé sa bénédiction à l’aveuglette. Au contraire, après une longue réflexion et sous les conseils de son avocat et de son conseiller financier, la patronne avait installé de nouveaux mécanismes à l’interne pour sécuriser ses finances. «Disons que j’ai été doublement malchanceuse, car un des maillons de la chaîne de protection n’a pas fait son travail, ce qui a ouvert la voie à la fraudeuse. En temps normal, ça n’aurait jamais dû arriver», se désole la femme d’affaires.

 

Une âme violée

Même si elle a repris le contrôle sur sa vie depuis, Dorothée Garant admet que les premiers mois ont été extrêmement douloureux, tant pour elle que son entourage.

La mère de famille se souvient des nuits blanches, à se remémorer tous les petits drapeaux rouges qui étaient, jusqu’à présent, passés inaperçus, et en tentant par tous les moyens de comprendre l’inexplicable. «Je suis devenue une personne très méfiante, ce qui est pourtant tellement à l’opposé de moi. Pour mes employés, c’est plus difficile de travailler avec moi depuis, car je demande plus de comptes rendus.»

«Le pire, c’est qu’à force de découvrir de nouveaux éléments, le petit hamster dans notre tête se met à tourner de plus en plus vite. À un point tel que tu n’arrives même plus à dormir. Et vient le moment où tu t’arrêtes en voyant bien que ça n’a plus de sens. Ça démontre que ce n’est pas juste une fraude, c’est comme un viol de l’âme qui transforme la personne que tu es.»

 

Annie-Line Belleville plaide coupable

L’employée en question, Annie-Line Belleville, a récemment reconnu sa culpabilité pour avoir dérobé plus de 30 000 $. Le montant de la fraude pourrait toutefois augmenter au terme des procédures judiciaires, qui sont toujours en cours.

Une poursuite civile a aussi été intentée. «Je n’ai pas espoir de retrouver mon argent, mais je veux aller au bout des choses pour ne pas que cette personne fasse d’autres victimes. Car malheureusement, je trouve qu’il y a de plus en plus de fraudes et je ne suis pas persuadée que les conséquences sont assez grandes pour que ça cesse», conclut Dorothée Garant.