Élections municipales: Potton songe à éliminer le vote par correspondance

POLITIQUE. Le vote par correspondance pourrait être éliminé dès les prochaines élections municipales si le Canton de Potton supprime ce privilège accordé aux propriétaires non-résidents de cette municipalité.

Ces saisonniers crient à l’injustice. Certains croient que les «locaux» se préparent pour le prochain scrutin en éliminant le vote par correspondance. Ils interprètent ce message comme un désir d’éloigner les citoyens «non de souche» du conseil municipal.

Dans une lettre acheminée au Reflet du Lac, le citoyen Marcel Baillargeon digère mal cette tentative d’empêcher des résidents temporaires de voter. «On s’attendrait plutôt à un minimum de sagesse de la part des élus envers l’ensemble des citoyens plutôt que de stimuler cette division voulant que les résidents permanents de souche ont des droits, mais pas vraiment les autres», signe-t-il. On mentionne à répétition que si les citoyens non de souche ne sont pas d’accord, ils n’avaient qu’à ne pas s’installer à Potton.»

À l’inverse, les «gens de la place» sont insultés d’entendre dire que c’est normal que les saisonniers bénéficient de certains privilèges, car ce sont eux qui paient le plus de taxes si on tient compte de la richesse foncière.

Ex-candidat conservateur et actuellement conseiller municipal à Potton, Bruno Côté, défend la position majoritaire parmi les élus, qui songent à supprimer ce type de vote. «Je suis en faveur du principe du vote par correspondance, mais pas pour une seule catégorie d’électeurs. Je favorise plutôt un processus équitable pour tous les types d’électeurs, que ce soit les résident permanents et les gens de l’extérieur», spécifie-t-il.

En d’autres termes, M. Côté souhaite que les résidents permanents puissent aussi bénéficier de ce vote par correspondance si ce type d’électeur ne peut voter par anticipation ou le jour du vote. Il intègre dans ce groupe les gens retenus à l’extérieur, en vacances et les gens à mobilité réduite. «Ces gens devraient avoir les mêmes privilèges que ceux qui peuvent voter de Montréal ou de la Colombie-Britannique parce qu’ils possèdent un chalet ou une terre à Potton», souhaite-t-il.

 

Rien ne va plus entre néoruraux et locaux

Le maire Jacques Marcoux constate que cette possibilité soulève encore une fois les passions entre les néoruraux et les locaux de souche. Il prévient qu’une décision n’a pas encore été prise, car ce point a été retiré de l’ordre du jour de deux récentes réunions.

Il assure qu’aucune irrégularité n’a été observée dans le vote par correspondance en 2017, car cette option de votation est soumise aux mêmes règles strictes que le vote régulier et par anticipation. Le premier magistrat estime qu’il s’agit d’un dossier important, car 150 des 200 personnes ayant droit au vote par correspondance ont participé au dernier scrutin municipal. Le nombre total des électeurs s’élève à 1800 personnes.

«Je voterai cependant contre cette résolution et utiliserai mon droit de veto si le conseil veut adopter une résolution pour éliminer le vote par correspondance, tranche-t-il. Je m’oppose au retrait de ce privilège aux non-résidents, mais s’il existe une réelle iniquité, forçons le Directeur général des élections à donner également cette option aux électeurs domiciliés à Potton.»

En parallèle avec ce litige entre les «deux solitudes» du Canton de Potton, le maire Marcoux informe que les séances de conciliation entre les deux groupes (locaux et néoruraux) s’amorceront bientôt.

Membre du Réseau de justice réparatrice et de médiation citoyenne, le groupe Équijustice supervisera cet exercice. L’objectif consiste à rapprocher les deux camps.