Problème de sédimentation dans le ruisseau Castle: le MTQ défend ses propres travaux

ÉCOLOGIE. Les ministères des Transports et de l’Environnement hésitent à condamner les entrepreneurs associés aux travaux effectués sur l’autoroute 10 et au Mont-Orford, même si ces deux endroits demeurent ciblés par la Ville de Magog et l’Association pour la protection et l’aménagement du ruisseau Castle (APARC) comme responsables de la sédimentation dans ce tributaire du lac Memphrémagog.

La mairesse de Magog, Vicki-May Hamm, identifie deux événements survenus au début du mois de septembre, et observés par des équipes de la Ville de Magog. L’une des sources, selon Mme Hamm, se trouvait près des limites du parc national du Mont-Orford. «La direction de la montagne m’a expliqué qu’elle avait eu un problème avec son bassin de rétention des sédiments, dit-elle. Elle a corrigé le tir et ça ne vient donc pas des travaux effectués au chalet.»

L’autre source a été ciblée le 4 septembre quand des citoyens ont alerté la Ville de Magog au sujet d’un déversement d’eaux souillées par des sédiments dans un cours d’eau près de l’autoroute 10. Rendus sur place, des employés municipaux ont observé un déversement de sédiments dans un tributaire du ruisseau Castle. Selon Mme Hamm, l’entrepreneur exécutait des travaux pour le compte du ministère des Transports du Québec, à deux pas de l’autoroute.

Le président de l’APARC, Pierre Clermont, juge inacceptable que des entrepreneurs puissent pomper des eaux souillées par des travaux «directement» dans le ruisseau Castle. «C’est un manque flagrant de respect à l’égard de l’environnement et de la population de Magog, peste-t-il. À court terme, nous exigeons le retrait des sédiments comme suite à ce déversement.»

La mairesse de Magog rappelle cependant que les problèmes globaux des sédiments dans ce cours d’eau ne s’expliquent pas seulement par ces deux événements ponctuels. «La situation est beaucoup plus large et complexe, spécifie-t-elle, car les sédiments s’accumulent depuis plusieurs années.»

Le ministère de l’Environnement confirme la réception d’une plainte le 4 septembre pour un rejet de sédiments près de l’A-10. «Lors de l’inspection du 5 septembre, aucun rejet n’a toutefois été constaté», informe le porte-parole du ministère, Daniel Messier.

On n’avait pu obtenir les commentaires du Mont-Orford avant d’imprimer le journal, mais l’Environnement n’a relevé aucun manquement à la conformité des travaux lors de visites effectuées le 10 juillet et le 11 septembre. «On a constaté une turbidité à un endroit dans le ruisseau Castle, mais il n’a pas été possible de déterminer le responsable», spécifie M. Messier.

 

Une amende de 2000 $

Le ministère des Transports du Québec (MTQ) ne minimise pas l’impact du chantier de l’autoroute 10 sur le ruisseau Castle, mais précise que seule une petite quantité de sédiments ont été relâchés dans le tributaire du Castle Brook (ruisseau Sinueux).

La conseillère en communications du MTQ, Dominique Gosselin, soutient que les installations de l’entrepreneur étaient conformes. Cependant, de fortes précipitations ont fait passer l’eau par-dessus le batardeau (équipement pour retenir l’eau).

«Le MTQ a également constaté que le système de pompes évacuait l’eau sur la chaussée. Une petite quantité de sédiments provenant du site excavé ou des talus dénudés ont donc été relâchés dans le ruisseau Sinueux. Toutefois, la zone excavée agissant comme bassin de rétention, seules les fines particules ont pu se déverser dans le cours d’eau», ajoute Mme Gosselin.

Le MTQ a donc exigé des corrections immédiates, tout en lui imposant une pénalité de 2000 $, comme le prévoient les clauses du devis en cas de dommage à l’environnement. «Suivant ces événements, une visite du MTQ n’a relevé aucune présence de sédiments dans le ruisseau Castle.»

 

Un milieu sensible et complexe

La coordonnatrice de la division Environnement de la Ville de Magog, Josiane K. Pouliot, n’apprécie guère des rejets dans les cours d’eau, comme celui observé le 4 septembre dernier près de l’autoroute 10. Toutefois, elle prévient de ne pas identifier trop rapidement le MTQ et les travaux au Mont-Orford comme les deux uniques responsables de la sédimentation dans le ruisseau Castle.

Au sujet de ce cours d’eau d’environ sept kilomètres qui se jette dans le lac Memphrémagog, elle assure que son équipe a arpenté de long en large ce bassin versant pour identifier des sources de contamination aux sédiments. «Les travaux du MTQ et au Mont-Orford sont peut-être les plus visibles, mais les causes sont multiples, précise-t-elle. Il existe même de la sédimentation naturelle, qui s’accentue à la moindre pluie.»

Mme Pouliot informe qu’il s’agit d’un bassin versant très complexe et sensible. Selon elle, la clé est la prévention et des mesures plus sévères en présence de travaux. «Nous ne prenons pas ce dossier à légère», insiste-t-elle.

Quant au ministère de l’Environnement, il dit procéder toujours à des vérifications pour trouver la ou les sources de la sédimentation afin de trouver des solutions permanentes.