Magog: l’inquiétude s’intensifie au ruisseau Castle

ENVIRONNEMENT. L’Association pour la protection et l’aménagement du ruisseau Castle (APARC) a frappé un grand coup en dévoilant des images-chocs captées quelques heures après des pluies diluviennes.

Le président de cet organisme magogois, Pierre Clermont, estime qu’il était primordial de diffuser ces images pour sensibiliser la population, les élus régionaux et le gouvernement québécois. «On en parle depuis longtemps, mais cette fois-ci, on peut dire qu’une image vaut mille mots», dit-il.

Aux yeux de ce groupe, ces images illustrent clairement la transformation de la couleur de l’eau, passant du bleu au brun en raison de la coulée de boue, de terre et de sédiments transportés par la pluie jusqu’au ruisseau, mais aussi jusqu’au lac Memphrémagog.

Clermont sait très bien qu’il ne s’agit pas de produits chimiques, mais signale que les sédiments sont considérés comme un polluant. Selon lui, l’accumulation de sédiments au fond des cours d’eau provoque un réchauffement de l’eau tout en stimulant la prolifération des algues et des espèces menaçantes.

«Il faut trouver des solutions, car ces sédiments causent déjà des problèmes, comme de la baignade de plus en plus limitée et des cas plus nombreux de dermatite du baigneur, prévient-il. Il faut bouger avant que la baie de Magog ne devienne une autre baie Missisquoi, au lac Champlain.»

Comme élément de solution, l’APARC propose que le gouvernement du Québec prenne le relais dans ce dossier. M. Clermont pense que Magog a besoin d’aide technique et financière pour améliorer la qualité de ses cours d’eau, surtout que le lac Memphrémagog est un bassin d’eau potable pour les Magogois et les Sherbrookois.

 

Un fonds pour protéger les cours d’eau?

L’APARC propose aussi d’imposer un pourcentage de 15 % sur la facture totale des grands chantiers pour dédier ces sommes à la protection des cours d’eau. M. Clermont cible d’ailleurs les travaux actuels du ministère des Transports du Québec, en bordure de l’autoroute 10, ainsi que ceux de la Corporation Ski & Golf Mont-Orford à la montagne, comme partiellement responsables du problème de sédiments.

«On aurait ainsi pu utiliser 1 M$ sur les investissements de 11 M$ au Mont-Orford pour atténuer les effets de ces chantiers sur l’environnement. Ce serait beaucoup plus efficace que d’enlever du sable une fois de temps en temps», propose-t-il.

Le député d’Orford Gilles Bélanger et la Ville de Magog se rangent du côté de l’APARC. Dans une lettre datée du 28 août dernier, la mairesse Vicki-May Hamm appuie cette organisation dans ses démarches de recherche de financement. Mme Hamm rappelle que les ressources financières de la Ville sont limitées à 200 000 $ par année pour l’ensemble de ses cours d’eau, ce qui oblige le conseil à repousser souvent des projets d’une année à l’autre.

«Cette situation est due en partie au fait que les besoins augmentent au niveau des cours d’eau, mais également au fait que le gouvernement du Québec a coupé dans les enveloppes de subventions, qui servaient historiquement à des projets de qualité de l’eau», déplore la première magistrate.