Une partie de pêche aux pièces mécaniques dans la rivière Magog

MAGOG. Une sortie de pêche n’avait rien d’une partie de plaisir dans la matinée du 31 juillet dernier, dans la rivière Magog, où des plongeurs ont récupéré des pièces automobiles abandonnées dans l’eau.

Les détritus métalliques avaient été découverts l’an dernier, pratiquement sous le viaduc de l’autoroute 55 à Magog, durant une autre opération de nettoyage. Celle-ci consistait à retirer des matériaux de construction qui provenaient, tout vraisemblablement, du chantier de rénovation du pont datant du début des années 2000.

«À l’époque, il avait été plus facile pour l’entrepreneur de se débarrasser des matériaux en les jetant dans l’eau plutôt que de les acheminer aux endroits appropriés», déplore la présidente de l’Association de préservation du lac Magog (APLM), Joanne Sarrasin.

«De voir maintenant des pièces de voiture, c’est absolument aberrant, surtout quand on sait que l’huile, l’essence et la corrosion, c’est si dommageable pour nos lacs. Il y a encore tellement d’inconscience, malgré toutes les campagnes d’information et de sensibilisation», constate Joanne Sarrasin.

 

Des plongées avec poissons et déchets

Les plongeurs qui ont sorti ces pièces n’en étaient pas à leur première bonne action pour l’environnement. Comme le raconte l’un d’eux, Jean-Marc Gaudreau, il en récupère depuis quelques décennies. Et rares sont les cours d’eau dans la région qui sont épargnés par cette pollution, de l’aveu même du principal intéressé.

«Je pourrais en sortir pendant une semaine si je voulais, raconte l’homme, visiblement découragé par la situation. Tout ce que vous pouvez imaginer, il y en a sous l’eau. Des batteries, des moteurs, des outils, etc. Et le plus plate, c’est de voir que personne ne réagit.»

Ses observations ont toutefois trouvé écho à l’APLM, qui a orchestré cette plus récente corvée d’une trentaine de minutes. Les bénévoles présents ont tenu d’ailleurs à remercier M. Gaudreau, et ses partenaires, pour leur implication. «Vous êtes nos yeux et nos oreilles sous l’eau. Vos observations nous aident énormément à intervenir. Non seulement pour prévenir les espèces envahissantes, mais aussi pour nous informer sur la présence de ces déchets nuisibles», a lancé l’un d’eux, à la fin de l’opération.

Après 30 minutes, voici ce que les plongeurs Michaël Blackburn, Jean-Marc Gaudreau et Paul Laffage ont recueilli dans la rivière Magog. (Photo Le Reflet du Lac – Pierre-Olivier Girard)

 

Une motoneige abandonnée

Par exemple, Jean-Marc Gaudreau a découvert depuis un certain temps une motoneige, coulée non loin du viaduc. Il s’est même offert la retirer de la rivière, mais sans autorisation gouvernementale, il lui est interdit de le faire. «On est juste à côté, mais on ne peut rien faire. C’est ça le problème. On n’a pas beaucoup de soutien du gouvernement. Si une bouteille d’eau prend 400 ans à se décomposer, imaginez combien de temps ça prend pour des pièces mécaniques. Si personne ne bouge, ça va être beau dans nos plans d’eau dans 200 ans», craint le plongeur, avec ironie.

Pour l’occasion, M. Gaudreau était accompagné des plongeurs Michaël Blackburn et Paul Laffage. Une fois la cueillette terminée, les objets ont été envoyés au Centre de tri de Magog.

Non loin du site de nettoyage, une carcasse de chaloupe avait était abandonnée sur la rive. (Photo Le Reflet du Lac – Pierre-Olivier Girard)