Magog: certains commerçants usent d’imagination pour «survivre» au centre-ville

TRAVAUX. Opérer un commerce au centre-ville de Magog par les temps qui courent exige un moral d’acier et une bonne dose d’innovation. Surtout que les importants travaux de rénovation, qui freinent de nombreux clients, devraient se poursuivre pendant plusieurs mois encore.

Installé sur la rue Principale Ouest depuis 54 ans, le barbier Yves Grandmaison se réjouit de conserver sa clientèle, sachant très bien que ses voisins commerçants n’ont pas tous la même chance.

«C’est certainement plus difficile pour des commerces qui sont récents, et qui n’ont pas encore une clientèle de longue date. De mon côté, nous profitons encore d’un achalandage régulier. Lorsqu’une personne est à l’aise avec son coiffeur, elle va continuer d’aller au même endroit», reconnaît le vétéran barbier.

«J’ai toutefois pris certaines mesures pour éviter une baisse importante. J’ai entre autres apposé un panneau de 4 X 8 pour indiquer une deuxième entrée à l’arrière. Et j’ai commencé à faire de la publicité avant même que les travaux ne soient débutés», plaide M. Grandmaison.

 

Un concours rassembleur

Une quarantaine de commerçants du centre-ville viennent d’un lancer un concours, qui fera un gagnant de 1000 $ en chèques-cadeaux chaque semaine, et ce, jusqu’en octobre prochain. Une idée initiée par le chocolatier Alain Vanden Eynden et qui a été mise sur pied par la Chambre de commerce Memphrémagog.

«Il y a une belle solidarité entre les commerçants et cette initiative est en une preuve, constate M. Vanden Eynden. On s’encourage, on va se voir et on essaie de trouver des idées en cette période plus difficile. Souvent, c’est dans le malheur que les gens se rapprochent.»

Comparativement à la même période l’an dernier, M. Vanden Eynden essuie des pertes de plus de 50% à son adresse du centre-ville. Il constate même une baisse d’achalandage à son commerce principal, situé pourtant loin du chantier de construction. «Les travaux ont un impact sur le tourisme en général», observe l’homme d’affaires.

«Cela dit, ce n’est pas mon autre commerce qui me permet de survivre. Si je suis resté ouvert au centre-ville, c’est pour garder mes employés et ma clientèle, et par solidarité envers les autres commerçants. Plus il y aura de commerces ouverts, plus on conservera une belle mixité», croit-il.

Le nouveau tirage au centre-ville, d’une valeur de 1000 $ par semaine, a été lancé en présence de commerçants, dont Alain Vanden Eynden (à droite) et Emmanuel Bouchard de la Chambre de commerce Memphrémagog.

 

Miser sur des vedettes

D’autres restaurateurs font preuve d’originalité pour remplir leurs tables, malgré les difficultés pour s’y rendre. C’est le cas de la Taverne 1855 qui a lancé des soirées thématiques en compagnie d’une vedette. Ainsi, les Alex Perron, Pénélope McQuade, Sébastien Benoit, André Robitaille, Jean-Philippe Dion et Julie Bélanger se succéderont, de semaine en semaine, derrière les fourneaux et comme serveur dans la salle à manger. Le tout dans le but d’encourager une bonne cause, puisque les proprios du resto remettront tous les profits de ces événements aux banques alimentaires du Québec.

 

Encore place à amélioration

Directeur général de la Chambre de commerce Memphrémagog, Emmanuel Bouchard se rend presque quotidiennement sur la Principale. Il est à même de constater les défis qui s’y présentent.

Tout en soulignant les initiatives mises de l’avant par les différents intervenants impliqués dans la revitalisation, le principal intéressé avoue qu’il y a encore du travail à faire pour minimiser l’impact sur l’économie. «Même pour les gens de la place, c’est très difficile de s’y retrouver, alors je n’imagine même pas pour les touristes. À mon avis, il manque encore d’indications pour mieux circuler», constate M. Bouchard.

«De plus, la navette devrait se rendre jusqu’aux plages Cabana et des Cantons. C’est là que les gens se trouvent en grand nombre, notamment les week-ends. Ce service serait sans doute plus utilisé qu’à l’heure actuelle, avec son seul arrêt au stationnement du Moulin vers le parc des Braves», ajoute-t-il.

 

Un resto fait ses adieux

Ouvert depuis 2017, le restaurant Laurel & Hardy a annoncé sa fermeture sur les médias sociaux, le 4 juillet dernier. Dans un message écrit, le propriétaire Pier-Luc Bernier soutient que «plusieurs éléments négatifs nous ont rattrapés et ont grandement affecté la viabilité de notre entreprise».

Toutefois, il n’a pas été possible d’en savoir davantage sur les motifs ayant mené à cette décision, puisque M. Bernier a refusé notre demande d’entrevue.

 

Cet article a été rédigé en collaboration avec Patrick Trudeau