Inquiétude sur l’avenir d’une église patrimoniale à Bolton-Est

BOLTON-EST. L’incertitude et l’inquiétude planent sur une église abandonnée et citée patrimoniale par la Municipalité de Bolton-Est. Des citoyens se lèvent pour éviter de voir disparaître ce lieu de culte anglican établi en 1860 en bordure de la route 243.

La mairesse de l’endroit, Joan Westland-Eby, confirme que le bâtiment vieux de 160 ans est à vendre par le diocèse anglican. Elle a aussi entendu parler de l’intérêt de la compagnie Aljer d’acheter le terrain de l’église. Cette entreprise spécialisée en excavation exploite une sorte de sablière autour du cimetière et de l’église. «Je ne connais cependant pas les intentions des possibles acquéreurs», précise-t-elle.

Mme Eby-Westland admet que la cohabitation actuelle des vocations et des paysages demeure imparfaite. Elle prévient tout de même les opposants que l’entreprise exploite un usage commercial à cet endroit en toute légalité. «Et la Municipalité n’a pas les moyens d’acheter et d’entretenir un bâtiment qui se dégrade», insiste-t-elle.

La mairesse informe également que le cimetière ne serait pas intégré dans une possible transaction. Il pourrait être entouré d’arbres supplémentaires, selon elle, et son entretien est assuré pour plusieurs années grâce à un legs testamentaire.

Une valeur historique considérable?

Des citoyens craignent néanmoins la démolition de l’église située en bordure de la route 243. Selon eux, ce lieu de culte possède une valeur historique considérable.

Serge Wagner, un universitaire à la retraite qui s’intéresse à l’histoire de la région, confirme l’importance patrimoniale de cette église anglicane. Il rappelle qu’Holy Trinity est le plus ancien ensemble institutionnel du canton de Bolton, établi de 1857 à 1860. «L’établissement se situe dans la décision de l’Église anglicane de Grande-Bretagne et du Canada de lancer une offensive dans la région ouest du lac Memphrémagog», explique-t-il.

L’église Holy Trinity est une des premières églises néo-gothiques de la région à une période où les autres dénominations protestantes étaient plutôt néoclassiques.

Un usage commercial prédomine autour du cimetière et de l’église Holy Trinity de Bolton-Est.

M. Wagner ajoute que cette petite église de Bolton-Est reflète le savoir-faire des artisans locaux de l’époque. «Son intérieur, resté celui de 1860, possède une acoustique remarquable, spécifie-t-il. L’édifice constitua une sorte de modèle pour plusieurs églises construites dans la région après 1860.»

Plus récemment, en 2010, l’église devait être mise en vente et déménagée. L’organisme Patrimoine Bolton Heritage s’y est opposé et a organisé des activités dans l’église pendant quelques années sans parvenir toutefois à assurer un avenir à l’église. L’organisme n’existe plus.

Le représentant du Diocèse anglican de Montréal, Tim Smart, demeure peu loquace sur la question. «Il n’y a pas grand-chose à dire. Nous n’avons eu que peu de manifestations d’intérêt pour l’achat de cette église. On envisage le meilleur résultat pour préserver cet édifice patrimonial», a-t-il commenté via courriel.

Copropriétaires de l’entreprise Excavation Aljer, Alexis et Jérôme Letellier, précisent qu’ils n’ont jamais soumis d’offre d’achat formelle pour acquérir ce lieu de culte. «On nous a demandé si on était intéressé, mais nous n’y avions jamais pensé. On pensait plus que c’était la Municipalité qui était intéressée», résume Alexis Letellier.

Par ailleurs, réuni en assemblée samedi dernier, l’organisme Réseau du patrimoine anglophone du Québec a demandé au diocèse de faire tout en son pouvoir pour sauvegarder cette église. Le regroupement a aussi rappelé l’urgence d’agir aux autorités comme la Municipalité de Bolton-Est, la MRC de Memphrémagog et le gouvernement du Québec, pour préserver des lieux patrimoniaux comme le cimetière et l’église Holy Trinity.