Deux agriculteurs aveugles sont en lice pour un prix national

ÉLEVAGE. Alors qu’ils s’apprêtent à devenir les plus importants producteurs d’œufs de cane au Québec, deux entrepreneurs aveugles pourraient obtenir une reconnaissance à l’échelle du Québec, alors qu’ils sont en lice pour l’obtention d’un prix national, le 12 juin prochain.

Quand on connaît l’histoire de Daniel Bonin et Maryse Sauvé, on n’est guère surpris de les retrouver comme finalistes du Prix du public, dans le cadre du Défi OSEntreprendre.

Car oser et entreprendre, c’est exactement ce qu’ils ont fait lorsqu’ils ont décidé de se lancer en affaires, malgré leur handicap visuel.

Parrainés par la MRC de Memphrémagog et la Financière agricole, les deux partenaires ont construit de leurs propres mains une canardière de 7000 pieds carrés sur leur terrain de Stukely-Sud, avec l’aide de quelques amis. «J’ai moi-même installé le système de plomberie pour l’alimentation et passé le filage pour l’électricité. On est cependant un peu en retard pour la finition. La semaine prochaine, je vais devoir sortir mon échelle et installer le

Très habile dans les travaux manuels, Daniel Bonin a participé activement à la construction de sa canardière. (Photo Le Reflet du Lac – Patrick Trudeau)

revêtement extérieur», explique tout bonnement Daniel Bonin, comme s’il s’agissait d’un simple travail de routine.

150 000 œufs annuellement

Nommée judicieusement «À la canne blanche», leur entreprise était en gestation depuis un peu plus d’un an. La construction de leur canardière a débuté à la mi-novembre 2018, en pleine tempête de neige. «Les travaux se sont déroulés durant tout l’hiver, et ce n’était vraiment pas dans des conditions idéales», lance M. Bonin en riant.

«Maryse et moi, on a dû déneiger la dalle de béton au moins une vingtaine de fois», ajoute-t-il du même souffle.

Tout récemment, les deux agriculteurs non-voyants ont accueilli leurs 300 premiers petits pensionnaires. Trois cents autres bébés canards devraient se greffer à l’élevage d’ici 2020. «Les premières pontes auront lieu en septembre. Notre but est d’avoir un peu plus de 600 oiseaux et produire de 125 à 150 000 œufs de cane par année. La distribution se fera dans les épiceries spécialisées et les marchés publics», explique Mme Sauvé.

«On a choisi la race coureur indien, car ces canes sont les plus grandes pondeuses dans leur catégorie. En plus, ces oiseaux font du bruit et ne volent pas, ce qui nous permet de les repérer plus facilement», poursuit-elle.

Se créer son propre emploi

En couple depuis huit ans, Daniel Bonin et Maryse Sauvé ont toujours voulu rester actifs, malgré leur cécité. «On avait de la difficulté à se trouver un emploi, alors on s’en est créé un. C’est une façon de prendre notre vie en main», fait valoir l’homme de 53 ans.

Mener une vie active est une question de dignité, pour Maryse Sauvé. (Photo Le Reflet du Lac – Patrick Trudeau)

«C’est aussi une question de dignité. La solution facile serait sûrement de rester à la maison à ne rien faire et attendre un chèque du gouvernement. Mais, ce n’est vraiment pas dans notre nature», ajoute sa conjointe.

Vote jusqu’au 11 juin

Ce sera maintenant au public à décider s’ils méritent l’honneur ultime, puisque le grand prix du Gala québécois sera décerné selon un vote populaire en ligne.

Chaque internaute peut voter une fois par jour jusqu’au 11 juin.  «Sincèrement, notre prix, on l’a déjà gagné avec cette nomination. C’est une grande fierté et une belle tape dans le dos qu’on nous donne. Il y a des milliers d’entreprises qui ont participé à ce concours à travers le Québec, et nous ne sommes maintenant plus que sept. Ça fait chaud au cœur de savoir que notre travail est apprécié», a laissé savoir Daniel Bonin, avec beaucoup de reconnaissance.

Pour voter pour le Prix du public, visitez le www.osentreprendre.quebec/defi-osentreprendre/prix-du-public/

Voir le reportage présenté à Ami-Télé en février 2019