Innovation taxi: nous paierons pour faire diminuer les services

Nous, les Oubliés de l’autobus, sommes interpelés par le projet de Loi 17, concernant le transport rémunéré de personnes par automobile, car nous représentons des gens qui ne possèdent pas de véhicule personnel et sont les plus susceptibles d’utiliser le taxi.

Nous sommes d’accord pour que tous les chauffeurs offrant du transport de personnes soient soumis aux mêmes conditions (absence de casier judiciaire, automobiles qualifiées, affichage de photo…) et pour que les taxis puissent prendre des clients à différents points sur une même route, mais plusieurs aspects du projet de loi 17 présagent une augmentation du prix et une diminution du service de transport par taxi.

Une nouvelle «tarification dynamique» serait adoptée, permettant d’élever les prix lorsque la demande est plus forte: il ne peut que s’ensuivre une augmentation des coûts pour l’usager. Certains pourraient faire signer des contrats particuliers aux coûts déraisonnables. On nous annonce aussi une somme additionnelle au prix au compteur pour défrayer les coûts de la transition.

Dans les secteurs ruraux, où la concurrence est inexistante, le nouveau système proposé ouvre la voie à toutes les dérives. N’importe qui pourra acheter un logiciel pour se conformer à l’article 90 sur la fixation des prix des courses qui autorise «tout moyen technologique qui ne nécessite pas l’intervention d’une personne physique» pour pouvoir exiger le prix de son choix.

Nous craignons que les services périclitent à l’extérieur des centres urbains et que les compagnies de taxi des petites villes en viennent à fermer. L’élimination des territoires nous fait craindre la disparition des services en zone rurale, où il n’y a pas de transport en commun et qui deviendraient accessibles seulement par automobile privée.

Nous ne pensons pas que la technologie soit magique et règle tous les problèmes, le modèle Uber n’étant applicable que dans les grandes agglomérations, au prix de l’augmentation de la congestion routière, car ses véhicules y circulent à vide 40% du temps.

Nous ne pensons pas que le progrès passe par l’appauvrissement des chauffeurs, la précarisation de leur travail ou leur faillite. Nous n’acceptons pas non plus que nos impôts servent à ruiner ces chauffeurs, qui ont payé pour des permis qui seront abolis. Les impôts sont l’outil d’une solidarité collective pour soutenir nos concitoyens, pas pour les faire souffrir ni pour soutenir Uber ou l’automobile privée.

 Les Oubliés de l’autobus

Colette Provost

Présidente