Les espèces envahissantes gagnent du terrain au lac d’Argent

ÉCOLOGIE. Une seconde étude en 15 ans confirme que des plantes aquatiques envahissantes, comme le myriophylle à épi, prennent de plus en plus de place au lac d’Argent, à Eastman.

Signé par le RAPPEL, l’étude de 2018 démontre que le myriophylle à épi a augmenté sa répartition. En 2003, il dominait 29 % des zones pour passer à 52% des herbiers en 2018.

L’Association des résidents pour la protection du lac d’Argent (ARPELA) craint pour l’avenir du lac si aucune action n’est entreprise. «Le lac deviendra impraticable d’ici quelques années. Les conséquences seront désastreuses à plusieurs niveaux, notamment pour les évaluations des maisons, le tourisme et le commerce», commente ce groupement via son porte-parole Pierre Boutin.

L’ARPELA lance un appel à tous pour amasser des fonds, car la subvention de 40 000 $ de la Municipalité d’Eastman ne couvrira pas tous les frais de la lutte comme cette plante envahissante. «Le lac d’Argent est le joyau d’Eastman, il est urgent d’agir», ajoute M. Boutin.

Ce regroupement sollicite l’aide des gouvernements et de la population pour finaliser son projet de trois ans estimé à 150 000 $. Ce combat contre les plantes envahissantes devrait débuter à la mi-juin avec le déploiement de toiles synthétiques sur le lac d’Argent, afin d’étouffer le myriophylle à épi.

 

Un programme impliquant tous les utilisateurs du lac

L’étude insiste sur l’importance que l’ARPELA et la Municipalité d’Eastman poursuivent leurs efforts de protection. Les auteurs parlent d’un plan de contrôle du myriophylle à épi à mettre en place, ainsi qu’un programme de sensibilisation touchant tous les utilisateurs du lac.

Afin de freiner la prolifération de cette plante aquatique, le RAPPEL suggère la pose de toiles de jute ou de toiles synthétiques. À court terme, il serait aussi pertinent de délimiter des corridors de navigation sur le lac en prenant soin, lorsque possible, d’éviter les herbiers de myriophylle à épi.

Pour éviter de transporter des fragments du myriophylle à épi vers d’autres lacs, toutes les embarcations (chaloupe, ponton, kayak, canot, etc.) qui ont navigué sur le lac d’Argent devraient être lavées avant leur mise à l’eau sur un autre plan d’eau.

Les rives artificialisées des résidences, les installations septiques et les fossés routiers sont potentiellement des sources importantes d’apport en nutriments. L’étude recommande de travailler de concert avec les riverains afin d’inciter à la renaturalisation de leur berge.

 

L’exemple du lac Stukely

L’Association pour la protection de l’environnement du lac Stukely (APELS) a amorcé son combat contre le myriophylle à épi l’an dernier. Des toiles de jute y ont été étendues pour freiner la prolifération cette plante aquatique, et ce, grâce à des subventions de 30 000 $ chacune de la Municipalité d’Eastman et de la MRC de Memphrémagog.

Ses membres ont également récolté une somme de 100 000 $ en provenance des usagers et des riverains. Cet argent servira principalement à aménager une station de lavage. Elle s’érigera probablement du côté d’Eastman, l’une des zones ayant le plus d’activités sur ce lac touchant également Bonsecours, Canton d’Orford et le parc national du Mont-Orford.

Le porte-parole de l’APELS, Raymond Bilodeau, apprécie ce travail de collaboration entre de nombreux partenaires. «Nous serons ainsi davantage efficaces contre le myriophylle à épi. De plus, chaque effort contribuera à freiner les autres espèces envahissantes», explique-t-il.