Lorraine Loranger veut sensibiliser les Canadiens aux conditions de vie des Inuits

MISSION. Quelques mois après avoir terminé une marche symbolique de 8000 km d’un bout à l’autre du Canada, Lorraine Loranger poursuit son combat afin de sensibiliser les Canadiens face aux difficultés que vivent les citoyens du Nunavik, en particulier les enfants et les femmes.

Si Mme Loranger a choisi de défendre la cause du peuple inuit, c’est qu’elle a été aux premières loges d’une grande misère humaine, y ayant œuvré durant trois ans comme agente de la DPJ.

«On entend souvent parler des meurtres ou de suicides, mais les gens d’ici ne connaissent pas toujours le contexte. Au Nunavik, des familles vivent à 20 personnes dans des logements. Et dans ces 20 personnes, il peut y avoir des grands-parents qui sont malades et des bébés qui pleurent. Comment voulez-vous évoluer sainement dans un tel milieu de vie?», questionne-t-elle.

«J’ai également été témoin d’enfants qui ont multiplié les foyers d’accueil. Certains ont déménagé entre 20 et 56 fois. Quand un enfant quitte la maison familiale avec sa valise, c’est très rare qu’il puisse y revenir», se désole-t-elle.

Lancée en novembre 2016 en Colombie-Britannique, la marche de Lorraine Loranger s’est terminée le 1er octobre 2018, en Nouvelle-Écosse. Durant son périple, elle a usé neuf paires de chaussures, subi deux entorses et recruté 22 chauffeurs différents pour l’accompagner. «Il y avait toujours quelqu’un qui me suivait en voiture, question de sécurité. Ce sont des gens qui étaient recrutés au hasard, lorsque j’arrivais dans un nouveau secteur», précise celle qui avait 66 ans au début de son aventure.

Après avoir rencontré et sensibilisé des centaines de communautés canadiennes au sujet des conditions de vie des Inuits, la Magogoise avoue avoir ressenti un vide à son retour en Estrie. «Une partie de moi est en deuil, puisque je parlais d’eux quotidiennement. Maintenant, mon rôle est de talonner le gouvernement canadien afin qu’il travaille à faire disparaître les inégalités qui sévissent là-bas», a poursuivi celle qui était l’invitée du Centre des femmes Memphrémagog le 7 mars dernier, à l’occasion de l’activité annuelle de la Journée internationale des femmes.