Hébergement court terme à Magog: un locateur illégal s’invite dans le débat

HÉBERGEMENT. Alors que la Ville de Magog veut s’attaquer à la location illégale sur son territoire (voir autre texte), un propriétaire qui se prête à ces activités «illicites» invite la Municipalité à faire preuve de jugement dans sa façon d’encadrer cette pratique.

Le propriétaire en question préfère taire son identité en raison du fait que ses activités enfreignent les règlements municipaux et sont passibles d’amendes salées. Le principal intéressé s’est lancé dans ce marché en 2017 lorsqu’il a acquis une résidence secondaire dans un secteur prisé de Magog. La propriété lui sert de chalet lorsque son horaire de temps lui permet «de venir décrocher» à Magog, lui qui demeure principalement sur la Rive-Sud de Montréal.

Pour le reste du temps, il offre sa petite maison sur des plateformes en ligne telles qu’Airbnb. À sa première année complète d’opération en 2018, il a effectué environ 130 nuitées. Parmi ses visiteurs, beaucoup de touristes de l’extérieur du Québec, dont des familles, des couples et des amis.

 

Une activité payante

Ses revenus tirés de la location lui permettent de payer à la fois l’hypothèque de sa résidence secondaire, les taxes annuelles, l’entretien ainsi que les travaux de rénovation. Il se considère malgré tout comme un très petit joueur dans le marché. «C’est sûr que c’est payant, car je rentabilise mon achat assez rapidement. Ça paye mes dépenses, tandis que la maison continue de prendre de la valeur. Mais je ne le fais pas seulement pour l’argent, car ce serait plus payant de rentrer travailler plus souvent à mon emploi. Je le fais surtout par passion, car je suis un passionné des gens et de projets», raconte-t-il.

D’ailleurs, le principal intéressé essaie d’offrir une expérience des plus agréables à ses hôtes. Il adapte le décor aux saisons et aux couleurs de la région, et ce, en plus d’offrir plusieurs commodités comme des accessoires de cuisine et des jeux pour les enfants. Bref, tout pour que les gens se sentent comme à la maison.

Un souci du détail qui explique, selon lui, pourquoi la location à court terme est si populaire. «Beaucoup de personnes sont en vacances pour décrocher et avoir une intimité, raconte-t-il. Ils veulent avoir leur propre cuisine, manger ce qu’ils veulent, faire ce qui leur tente sans restriction et sans devoir rendre de compte à personne. La dernière chose qu’ils veulent, c’est de se casser la tête. Dans notre domaine, les meilleurs clients, ce sont ceux qu’on ne voit pas.»

 

Aucune plainte

Même s’il est situé dans un quartier résidentiel, l’interviewé n’a encore reçu aucune plainte pour ses activités illégales. Il soutient agir dans la plus grande discrétion, tout en précisant qu’ils sont une dizaine de locateurs illégaux comme lui dans son quartier.

«La seule fois où j’ai eu la visite de la police pour du bruit, c’est lorsque je faisais des travaux dehors, dit-il en riant. À part ce moment cocasse, je n’ai jamais eu de problème. Ceux qui louent doivent signer un contrat de cinq pages avec des règles et généralement, ils les respectent. Il y a un dépôt remboursable de 500 $, en plus du coût de location d’environ 300 $ pour un week-end, alors les gens s’arrangent pour ne pas perdre leur argent. Et honnêtement, à ce prix, on n’a pas affaire à des visiteurs qui font du trouble», constate-t-il.

 

Une tolérance inévitable

Même s’il est en faveur d’un meilleur encadrement, l’homme est convaincu que Magog ferait fausse route en interdisant complètement la location court terme. Au contraire, selon lui, une destination touristique doit tout mettre en œuvre pour se montrer accueillante et évoluer à son époque.

«Les personnes qui offrent un service de location contribuent à l’économie locale. Oui, les hôtels peuvent en souffrir, mais bien d’autres commerces en bénéficient! Qui ne voudrait pas voyager avec des coûts d’hébergement moindre? C’est important que les règlements comme le bruit soient respectés, mais d’enrayer la location diminuera directement l’intérêt pour notre région et ce sont les villes voisines qui en tireront profit», conclut-il.

 

Tourisme Memphrémagog réclame un encadrement plus sévère

À titre de propriétaire d’un gîte touristique, le nouveau président de Tourisme Memphrémagog, Pierre Robinette (voir autre texte) souhaite un encadrement plus sévère de la Ville de Magog en ce qui concerne l’hébergement de courte durée, tel qu’offert par des sites web comme Airbnb.

Il sait qu’il ne peut réclamer une interdiction totale de ce phénomène international de location touristique, même si la concurrence semble déloyale entre un locateur privé et lui qui doit payer des taxes et des factures pour toutes sortes de permis et obligations.

Le nouveau président de Tourisme Memphrémagog, Pierre Robinette

«Cette forme de location a un impact pas toujours positif pour une région, car les clients ne reviendront pas s’ils sont mal accueillis. Ça prend un encadrement en identifiant des secteurs, en ciblant des périodes, en fixant une limite de séjour ou en autorisant le court terme que pour les résidences principales», explique-t-il.

Pour l’instant, M. Robinette souhaite une tolérance pour cette nouvelle forme de location à courte durée pour la période estivale, un moment où les établissements affichent un fort taux d’occupation. «Ça aiderait la région, car on déborde, mais on devrait les obliger à fermer leurs portes pendant l’hiver, là où c’est plus tranquille», suggère-t-il. (D.J.)