Cryptomonnaie: Bitfarms active son centre de calcul de Magog

TECHNOLOGIE. La compagnie Bitfarms vient d’activer son centre de calcul de Magog, son quatrième au Québec après un total de 25,6 M$ en investissements à Saint-Hyacinthe, Farnham et Cowanswille. Situé dans l’ancienne usine de H. Fontaine sur le boulevard Industriel, le bâtiment abrite des centaines de serveurs effectuant des calculs mathématiques, dont l’objectif consiste à sécuriser le réseau de cryptomonnaie. Peu d’employés à l’intérieur des portes, mais beaucoup d’espaces pour les immenses transformateurs d’électricité et pour loger les équipements informatiques. Pendant la visite du représentant du Reflet du Lac, trois personnes vérifiaient le fonctionnement des serveurs. Bahador Zabihiyan, le directeur des relations publiques de Bitfarms, précise néanmoins que l’entreprise canadienne cotée en bourse emploie un total de 80 personnes. Composée notamment d’une trentaine d’électriciens, cette équipe circule entre tous les centres de calculs de Bitfarms afin de s’assurer du bon fonctionnement des équipements. Zabihiyan estime l’investissement magogois à plusieurs millions de dollars jusqu’à maintenant. Anthony Lévesque, vice-président aux opérations chez Bitfarms, insiste sur les visées à long terme de cette compagnie hautement technologique. «Le bitcoin est une cryptomonnaie qui permet à des individus et entreprises de faire des transactions numériques sans l’intermédiaire d’une institution financière. Je ne peux dire si le «bitcoin» représente la monnaie de l’avenir, mais on travaille aussi beaucoup sur la technologie des chaînes de blocs, qui possède un potentiel énorme sur la scène mondiale», estime-t-il. Lévesque est convaincu que la technologie des «blockchains», hautement sécurisée et transparente, apparaîtra bientôt sur tous les téléphones cellulaires et autres appareils domestiques. «Ce sera comme un livre-comptable virtuel qui prend en note toutes formes de transactions. Elles sont décentralisées et pas du tout anonymes, contrairement à la croyance populaire. Il n’y a pas de contrôle, mais on peut toujours retracer des informations avec un historique des transactions», résume-t-il.

(Photo Le Reflet du Lac – Dany Jacques)
  Une croissance comparée à la révolution d’Internet «Notre technologie est actuellement au même stade qu’Internet à ses débuts, quand personne ne lui faisait confiance. Toutefois, nous aussi, d’ici quelques années à peine, nous monterons en flèche, prédit M. Lévesque. Nous avons une vision à long terme et nous investissons beaucoup en recherche et développement.» Outre des transactions pour obtenir des biens, la technologie des «blockchains» permettra aussi, selon M. Lévesque, de gérer les dons de sang et les bagages d’avion, par exemple. «Nous offrons un excellent taux de traçabilité, car notre réseau est hautement sécurisé, mais nous avons besoin de beaucoup d’énergie pour y arriver», ajoute-t-il. Bitfarms admet consommer beaucoup d’électricité, mais la direction assure qu’elle prend tous les moyens pour atténuer cette consommation. De plus, elle soutient que la compagnie n’achète que les surplus d’électricité d’Hydro-Magog qui n’auraient pas été vendus, ce qui représente des revenus additionnels que Bitfarms estime à plusieurs dizaines de milliers de dollars par mois. «Nous respecterons notre engagement de cesser temporairement notre demande d’énergie si la Ville de Magog a besoin de beaucoup d’électricité par grand froid, par exemple », promet le vice-président Lévesque. La dégringolade du «bitcoin» à la bourse (perte de 80% en un an) n’inquiète pas la compagnie, car le nombre de transactions est à la hausse dans le monde. Au moment d’écrire ces lignes, un «bitcoin» équivalait à environ 4 650 $ canadiens. Bien que peu connues et utilisées au Canada, les monnaies numériques, dont le «bitcoin» fait partie, compteraient plus de trois millions de détenteurs de comptes selon une récente étude de l’Université Cambridge. Ce système semble abstrait, mais il s’installe de plus en plus en Europe, en Asie et en Russie. Dans certains coins du monde, il est maintenant possible d’utiliser cette monnaie virtuelle pour payer dans des magasins et cafés physiques, ainsi que sur des sites web offrant une panoplie de produits de consommation. Bitfarms n’a pas de client pour l’instant. Elle fait ces revenus avec une petite fraction de «bitcoin» sur chacune des transactions effectuées. Et ses transactions, peu importe leur provenance, sont parfois gérées et sécurisées par les serveurs de Bitfarms. Un investissement estimé à 250 M$ est maintenant dans la mire de Bitfarms à Sherbrooke. Ayant son siège social à Brossard, Bitfarms a aussi un laboratoire de microélectronique à Saint-Jean-sur-Richelieu. Sa filiale Volta Électrique se trouve à Bromont.