Félix Potvin: ambassadeur des Cantonniers depuis plus de 10 ans

PERSONNALITÉ. Entraîneur-chef par excellence de la dernière saison dans la Ligue midget AAA, associé aux Cantonniers de Magog depuis plus de 10 ans, et toujours considéré comme l’un des meilleurs gardiens de l’histoire des Maple Leafs de Toronto, Félix Potvin mérite amplement le titre de Personnalité masculine de l’année 2018, tel que décerné par le Reflet du Lac. Tout au long de la dernière année, Potvin a littéralement conduit les Cantonniers vers l’excellence. Il leur a notamment permis de remporter la double couronne (saison et séries éliminatoires) pour la première fois de leur histoire, en plus de les mener à l’obtention de la médaille d’argent lors du tournoi de la Coupe Telus, championnat canadien du hockey midget. Si l’organisation magogoise jouit d’une aussi grande crédibilité à travers la Ligue de hockey midget AAA, elle le doit en bonne partie à ses bénévoles qui se dévouent corps et âme depuis 40 ans. Mais elle a également le privilège de compter sur un entraîneur-chef de premier plan, guidé par l’amour du hockey et les valeurs familiales. Car si Félix Potvin est toujours à l’emploi des Cantonniers – un bonus, diront certains – c’est en grande partie en raison de son attachement pour la région et de son rôle de père de famille, qui trône en tête de ses priorités depuis la fin de sa carrière de hockeyeur. «Oui, j’ai déjà eu des offres pour le junior dans le passé, mais j’ai dit non parce que les enfants étaient encore à la maison et je ne voulais pas trop m’éloigner d’eux. Maintenant qu’ils sont tous les trois à l’extérieur (ils étudient tous à l’Université), j’ai un peu plus de latitude. Mais encore là, ça doit prendre de bonnes conditions, car nous sommes très bien installés ici, dans un milieu de vie que nous adorons», fait valoir l’homme de hockey de 47 ans, qui dit avoir rejeté une offre «très sérieuse» au cours du dernier été.

À sa 6e saison à la barre des Cantonniers, Félix Potvin éprouve toujours autant de plaisir à se rendre quotidiennement à l’aréna de Magog.
«Je ne me sentais pas prêt à retomber dans la routine des longs voyages en autobus», ajoute-t-il. «Que tu sois joueur ou entraîneur, il faut que tu t’amuses lorsque tu es impliqué dans le hockey. Dans mon cas, j’ai toujours du plaisir à me pointer à l’aréna, peu importe que ce soit pour du junior ou du midget AAA», insiste-t-il. Un lock-out décisif Après avoir disputé plus de 600 matches dans la LNH avec Toronto, New York (Islanders), Vancouver, Los Angeles et Boston, Félix Potvin a vu sa carrière professionnelle se terminer sur une note un peu amère, au printemps 2004. «Je ne me suis pas vraiment amusé lors de ma dernière saison, parce que j’étais numéro 2 et que je n’avais pas disputé énormément de matches. Quand tu es compétiteur, tu souhaites jouer le plus souvent possible. J’aurais aimé quitter sur une note plus positive, mais en raison du lock-out (qui a paralysé toute la saison 2004-2005), ma carrière a pris fin à ce moment», rappelle-t-il. «Après le lock-out, j’avais eu une couple d’offres pour dépanner, mais je savais que je me retrouverais dans les mineures lorsque le gardien régulier reviendrait au jeu. Mon seul regret est de ne pas avoir profité pleinement de mon dernier match.» Cet arrêt de travail décrété par les propriétaires de la LNH aura toutefois eu des incidences importantes pour Félix Potvin et sa famille, qui avaient l’habitude de passer leurs étés dans la région de Magog depuis 1996. «Étant donné qu’on ne savait pas trop ce qui arriverait et dans quelle ville on se retrouverait en raison du lock-out, on a décidé d’inscrire les enfants à l’école dans la région, en 2004. Ça nous a permis de vivre une année complète ici, et de constater qu’on aimait l’endroit.» Une carrière inattendue Quelques années plus tard, l’ancienne vedette de la LNH fait ses premiers pas comme entraîneur adjoint au hockey mineur – pour suivre son fils Xavier, également gardien – avant de prendre la direction d’une équipe de hockey d’été. «On avait réuni un groupe de jeunes de la région et quelques-uns de l’extérieur, et nous avons connu beaucoup de succès. Les p’tits gars ont joué ensemble pendant deux ou trois étés, et plusieurs (Charles-Anthony Poulin, Hugo Roy, Gabriel Fontaine, Pierre-Anthony Martineau, etc.) se sont ensuite retrouvés au midget AAA», se remémore-t-il. «Être entraîneur n’a jamais fait partie de mes plans de carrière. À ma retraite, je me voyais plutôt passer mon temps à pêcher, chasser ou bûcher sur mon terrain. Mais avec le hockey d’été, j’ai découvert que j’aimais beaucoup travailler avec les jeunes.» C’est Stephan Lebeau, alors pilote des Cantonniers, qui lui permet de faire son entrée dans la Ligue midget AAA, d’abord comme entraîneur des gardiens de but. Mais Potvin a le goût d’en faire davantage et lorsque Martin Bernard reprend les guides de l’équipe, il lui confie des responsabilités accrues à titre d’entraîneur-adjoint.
Félix Potvin a reçu un fier coup de main de Michel Champigny à ses débuts comme entraîneur-chef des Cantonniers.
Sans grande surprise, Potvin hérite du poste d’entraîneur-chef en juin 2013, lorsque Bernard «gradue» avec les Cataractes de Shawinigan. «Michel Champigny m’a donné un gros coup de main lors des premières années, notamment avec l’informatique et les tâches administratives. Aujourd’hui, je suis plus familier avec le fonctionnement. Je crois que je suis tombé à la bonne place, avec les bonnes personnes», louange-t-il À sa sixième saison et avec quelque 125 victoires derrière la cravate (le 2e plus haut total pour un entraîneur à Magog), il est toujours un ambassadeur de premier plan pour la Ligue midget AAA. Et le plus beau dans tout ça, c’est que l’histoire se poursuit en 2019.

Vie familiale

En couple avec sa conjointe Sabrina depuis une trentaine d’années (à l’époque des Saguenéens de Chicoutimi), Félix Potvin est père de trois enfants: Noémie (24 ans), Xavier (21 ans) et Félicia (19 ans). Les deux filles étudient à l’Université d’Ottawa alors que son fils vient de joindre l’Université St. Mary’s, à Halifax, où il poursuit sa carrière de gardien de buts. Quant à Sabrina, elle enseigne aujourd’hui dans une école primaire de Magog.

Un privilège de diriger son fils

Félix Potvin considère comme un privilège le fait d’avoir dirigé son fils Xavier durant trois saisons avec les Cantonniers. «C’était un peu différent lors de sa première année, puisque l’entraîneur-chef était Martin Bernard. J’ai par la suite été son entraîneur durant deux ans, et ça n’a jamais été un problème. Nous savions faire la différence entre la vie à l’aréna et la vie à la maison. Et bien honnêtement, le temps passe tellement vite que j’ai vraiment apprécié ces années à le côtoyer tous les jours. Depuis qu’il a terminé son stage midget AAA et qu’il est à l’extérieur de la région, je ne l’ai pratiquement jamais vu jouer», se désole-t-il.

Durant trois saisons (une comme adjoint et les deux autres comme entraîneur-chef), Félix Potvin a eu la chance de diriger son fils Xavier chez les Cantonniers.

Amateur de football… et de soccer

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, Félix Potvin est loin d’être un assidu des activités de la Ligue nationale de hockey. «Je suis plutôt un amateur de football – et des Steelers de Pittsburgh – et de soccer. J’ai d’ailleurs mes billets de saison de l’Impact de Montréal. J’ai même passé mes vacances des Fêtes en Angleterre, afin d’aller voir un match du Liverpool FC. Cette équipe m’a toujours fasciné.»

Toute la journée dans une chaloupe

Grand amateur de chasse et de pêche, Félix Potvin a la chance d’assumer pleinement ces passions depuis qu’il s’est établi en région (près du lac Memphrémagog). «J’ai été initié très jeune à la pêche par mon père et mon grand-père. À 8 ou 9 ans, je pouvais sans problème demeurer toute la journée dans une chaloupe pour les accompagner», raconte celui qui est réputé pour sa patience et son calme olympien.

Des honneurs à profusion

Natif d’Anjou, Félix Potvin a connu une brillante carrière successivement dans la Ligue midget AAA (Montréal-Bourassa), la LHJMQ (Chicoutimi) et la LNH (5 équipes), amassant des honneurs collectifs et individuels à profusion. Lors de sa dernière saison avec les Saguenéens, il a notamment été nommé joueur par excellence des séries et meilleur gardien au Canada, en plus de prendre part au Championnat mondial junior de hockey. Il est également membre du Temple de la renommée de la LHJMQ. Dans la Ligue nationale, il a inscrit quelques records d’équipe avec les Maple Leafs de Toronto, tout en prenant part deux fois au Match des étoiles.