Une dernière chance pour renverser la vapeur à Coventry?

DÉCHETS. Les élus et écologistes québécois qui s’opposent à l’agrandissement du site d’enfouissement des déchets à Coventry, au Vermont, ont perdu une manche avant les Fêtes, mais ils comptent renverser la vapeur devant une commission environnementale de cet État, le 22 janvier. Le 17 décembre dernier, le conseil municipal de Newport a décidé de reprendre le traitement des eaux de lixiviat du dépotoir Casella, et ce, après environ un mois d’interruption. Ces élus avaient décidé que leur usine d’épuration ne recevrait plus les rejets liquides de cette entreprise qui enfouit des déchets à deux pas de Newport et du lac Memphrémagog. L’objectif consistait à vérifier l’état des installations et sa capacité à bien traiter les eaux de lixiviat, pour éviter que des produits chimiques se retrouvent dans le bassin d’eau potable que représente le lac Memphrémagog pour 175 000 personnes dans les Cantons-de-l’Est. Les opposants criaient alors victoire, mais coup de théâtre à la mi-décembre, selon le président du groupe environnemental Memphrémagog Conservation Inc. (MCI), Robert Benoit, qui assistait à cette séance du conseil. «Les carottes semblaient déjà cuites avec la présence du président de la riche entreprise Casella, qui était accompagné de ses principaux dirigeants dans les premières rangées de la salle. Le vote pour reprendre le traitement était égal, mais le maire de Newport a tranché en faveur de la réintroduction du lixiviat», explique M. Benoit. Ce dernier déplore cette décision, surtout que le premier magistrat, selon M. Benoit, a dit qu’il était exagéré de prétendre que l’usine de traitement polluait le lac. «Nous avons des indications contraires, et il manque plusieurs analyses pour tirer des conclusions dans le sens du maire de Newport», rappelle-t-il. Benoit rappelle que plusieurs s’entendent pour dire que l’usine d’épuration n’est pourtant pas équipée pour bien traiter les eaux de lixiviat. «On sait que la compagnie Casella et la Ville de Newport respectent les normes en vigueur, mais nous espérons que le Vermont révise en profondeur les règlements environnementaux, pour les mettre au goût du jour», espère-t-il.   Une audience au Vermont le 22 janvier Trois documents signés par le MCI, la MRC de Memphrémagog et le député Gilles Bélanger ont été déposés avant les Fêtes, en prévision d’une audience devant une commission environnementale du Vermont, le 22 janvier. Bélanger, qui y représentera la circonscription d’Orford en tant que député, rappelle que la population québécoise s’inquiète de la performance de l’usine municipale de Newport dans le traitement des eaux de lixiviat. «On s’inquiète aussi des produits chimiques qui risquent de se rendre dans le lac Memphrémagog à partir des vieilles cellules d’enfouissement des déchets. On doit donc vérifier scientifiquement ce qui se retrouve dans le lac, ainsi que les effets sur l’écosystème du lac, avant d’autoriser un agrandissement. C’est une question de santé publique», lit-on dans le document. Gilles Bélanger favorise donc le principe de précaution avant de prendre des décisions. «Il manque de données scientifiques. Ce serait donc risqué et imprudent de laisser fuir de possibles contaminants chimiques dans un bassin d’eau potable», insiste-t-il. Le MCI recommande aussi une approche de précaution. Il rappelle que plusieurs données demeurent inconnues, comme les impacts sur les risques de contamination du Memphrémagog et sur la biodiversité du secteur. Dans son document, il soutient aussi que l’usine n’est pas équipée pour bien traiter les eaux de lixiviat. Les dirigeants du MCI s’inquiètent de l’absence d’analyses américaines pour trouver des solutions différentes que Coventry, pour enfouir les déchets de cette population américaine. Le groupe rappelle que 175 000 personnes, notamment de Magog et de Sherbrooke, boivent l’eau du Memphrémagog, d’où l’importance, selon eux, de considérer ce plan d’eau comme une réserve d’eau potable. «Nous sommes d’opinion que de nouvelles études sont nécessaires pour documenter des évidences ou contredire de possibles risques de contamination des eaux souterraines, des zones marécageuses et de l’écosystème autour de Coventry, ainsi que de la rivière Black, de la baie South et du lac Memphrémagog», lit-on. La MRC de Memphrémagog sera représentée par sa coordonnatrice de projets, développement durable, Alexandra Roy. Peu de nouveau à dévoiler lors de cette audience, selon elle, car la MRC y réitérera ses inquiétudes exprimées depuis quelques années. Elle rappellera notamment le manque de données scientifiques pour prendre des décisions. «Nous sommes préoccupés par les impacts environnementaux concernant le traitement du lixiviat à l’usine d’épuration ainsi que la migration possible de contaminants chimiques en provenance des plus vieilles cellules d’enfouissement. Peu d’études existent également sur l’accumulation de produits chimiques dans le lac», déplore-t-elle.