Magog: le Bistro Chez Sirano ferme à contrecœur

ÉCONOMIE. Même s’ils ne sont pas encore commencés, les travaux majeurs du centre-ville de Magog font déjà une victime. Il s’agit du restaurant Bistro Chez Sirano, qui ferme ses portes par crainte d’essuyer des pertes financières importantes. La déception était palpable chez les propriétaires Michel Siranossian et sa conjointe Ginette Boucher, qui ont servi leurs derniers repas sur la rue Principale le 7 octobre dernier. Comme bien d’autres soirs durant l’année, la salle à manger affichait complet. Pourtant, malgré que les bonnes affaires soient au rendez-vous depuis six ans, les restaurateurs n’étaient pas prêts à vivre, encore plus longtemps, «avec une épée de Damoclès» sur la tête et risquer de crouler sous les dettes. «On a assez d’expérience dans le domaine pour savoir que des travaux comme ceux-là vont faire très mal, surtout à des petits commerces comme le nôtre. D’autant plus que les hivers sont déjà très tranquilles à Magog. Ce n’est pas de gaieté cœur, mais c’était la seule issue possible pour ne pas y laisser notre peau», explique M. Siranossian. En plus de s’attendre à une baisse d’achalandage importante en 2019 en raison des travaux, le couple est convaincu que le manque de stationnement posera de sérieux problèmes. Et même si la volonté de la Ville est d’exécuter les travaux en un an, il est fort possible selon eux que des imprévus allongent la durée du chantier. Bref, bien des facteurs qui motivent M. Siranossian et Mme Boucher à prévenir le pire en fermant boutique. «Des clients voulaient prendre un verre à notre santé avant la fermeture, mais je leur ai dit qu’on ne fait pas la fête à un enterrement. Honnêtement, ce n’est pas drôle ce qui nous arrive, vraiment pas, raconte-t-il. On a mis plus de 100 000 $ et beaucoup d’amour dans ce resto pour créer une ambiance chaleureuse, qui manquait au centre-ville. C’est triste de dire que tout ça est fini.» Aux dernières nouvelles, l’homme et la femme d’affaires prévoyaient se lancer dans une nouvelle aventure professionnelle en France, plus précisément en Corse. Ils n’écartent pas non plus un retour dans la région, mais tout porte à croire qu’une croix définitive a été mise sur le centre-ville de Magog. «On a été un peu précurseur de la nouveauté en ouvrant le Sirano en 2012. Il n’y avait rien du genre. Mais depuis, il y a eu une explosion de restos. Je n’ai pas de ressentiment, car les gens sont gâtés, mais pour nous, ce n’est pas vivable. Et c’est sans compter la pénurie de main-d’œuvre qui fait mal», conclut-il.