Tribune libre: avoir 93 ans et se faire enlever son droit de vote

C’est ce qui est arrivé à ma tante. À la fin de ma visite à sa résidence, j’ai demandé comment elle allait voter. On m’a dit : «toutes les personnes de cet étage, n’ont pas le droit de vote»… Je vérifie auprès du bureau de la Directrice du scrutin : effectivement, on l’a rayée de la liste en septembre dernier. Mon cousin chargé de ses affaires n’en a jamais été informé.

Après avoir demandé à la Commission de la révision de lui redonner son droit de vote, elle présente ses pièces d’identité, elle converse avec les cinq personnes qui nous rencontrent. Elle obtient un bulletin, se présente à un bureau du vote anticipatif. Fièrement, elle vote!

Qui prend ainsi la décision d’enlever le droit de voter à un citoyen ou une citoyenne? On me dit qu’une équipe est mandatée de visiter les résidences pour personnes âgées et mettre à jour la liste électorale. Aucune objection à ce qu’on raie le nom des personnes décédées. Mais pour les personnes avec déficit cognitif, qui peut décider?

Les citoyens et citoyennes ne sont pas rencontrées, ni leur mandataire d’ailleurs. C’est facile de consulter une liste que leur procurent les responsables de l’établissement. Mais quelles sont les conséquences d’une telle gestion rapide? Certaines personnes ne sont sans doute pas capables d’assumer toutes les responsabilités de leur vie quotidienne mais conservent leur intérêt pour les affaires sociales, culturelles et politiques.

Quand j’emmène ma tante au concert, qu’elle cherche un livre à la bibliothèque, qu’elle demande qu’on l’amène prendre un bon repas avec un verre de vin… c’est qu’elle apprécie la vie en société. Elle m’a répété plusieurs fois combien voter est important!

 

Louise (nom de famille discret pour ne pas pénaliser la tante)