Hébergement courte durée: Austin retarde l’application de son règlement

AFFAIRES MUNICIPALES. Le conseil municipal d’Austin était sur le point de déposer une réglementation encadrant l’hébergement de courte durée, mais il préfère poursuivre sa réflexion avant de mettre en place une nouvelle politique. La mairesse de l’endroit, Lisette Maillé, confirme ce délai pour donner un temps supplémentaire aux élus d’approfondir la question. Elle prévoit une possible consigne émanant du gouvernement du Québec. «Nous préférons attendre plutôt que d’adopter un règlement, puis d’être obligé de le modifier», explique-t-elle. Mme Maillé croit que cela donnera également le temps nécessaire aux gens de comprendre les enjeux entourant le phénomène de l’économie collaborative. «Oui, il existe des cas de nuisance, mais on ne peut utiliser un bazooka pour tuer une mouche», image-t-elle. Les élus d’Austin admettent la difficulté à trancher, surtout lorsque le Groupe de travail sur l’économie collaboratrice (GTEC) prévient les Municipalités qu’elles devront inévitablement gérer ce phénomène mondial qui est appelé à croître, et ce, incluant la location à court terme. Pour ajouter à la complexité du dossier, Lisette Maillé apprécie le gros bon sens des recommandations du GTEC, incluant celle n’autorisant l’hébergement de courte durée qu’aux résidences principales. «Quoi faire quand la moitié de nos contribuables sont des villégiateurs ayant une résidence secondaire sur notre territoire?, s’interroge-t-elle. Ces revenus supplémentaires leur permettent parfois de payer des taxes et faire des rénovations pour conserver leur propriété familiale.» De plus, elle apprécie la présence de chambres supplémentaires à louer dans un territoire comme Austin, qui n’a aucune auberge et seulement une poignée de gîtes touristiques. Elle-même propriétaire d’un couette et café, la première magistrate ne s’indigne pas de la croissance des locateurs à court terme dans sa cour. «Nous ne partageons pas la même clientèle et nous ne sommes pas en concurrence», estime-t-elle. Des conseils municipaux en réflexion Quelques municipalités réfléchissent actuellement à leurs actions à prendre pour encadrer cette nouvelle façon de louer un chalet, pendant que certaines l’autorisent déjà sur l’ensemble de leur territoire. À Eastman, les élus pensent à interdire les nouvelles demandes dans le secteur du lac Stukely, mais continueront d’accepter le court terme sur le reste du territoire. Au Canton de Stanstead, la mairesse Francine Caron-Markwell a vu les plaintes de nuisance chuter drastiquement depuis que le conseil a ciblé des zones pour autoriser la location à courte durée. Un permis de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ) est alors exigé. Elle croit pertinente cette nouvelle façon de réserver une chambre, surtout dans une municipalité rurale comme la sienne qui n’a qu’une auberge et quelques gîtes touristiques Poursuite de 1,8 M$ Par contre, Canton de Stanstead vient de recevoir une poursuite de 1,8 M$ de la part d’Hébergia. Cette compagnie magogoise exploite des chalets dans la région via une plateforme numérique. Des gens y louent des chalets sur le web, un peu comme sur le site d’Airbnb. Selon la poursuite, Hébergia exige une compensation financière, car la Ville aurait, selon la compagnie, changé les règles du jeu dans les règlements entourant la location courte durée. Croyant que cet usage était permis, la firme a construit cinq chalets de location, mais la Ville aurait par la suite interdit ce même usage dans ces mêmes zones. Les élus du Canton de Stanstead et les propriétaires d’Hébergia refusent de commenter ce dossier. Les maires d’Eastman, d’Austin et du Canton de Stanstead partagent sensiblement le même avis concernant l’hébergement de courte durée. À leurs yeux, Memphrémagog est une zone touristique qui cherche à accueillir des visiteurs. Aussi bien être conséquent avec le choix de la région et bien accueillir la visite avec différentes formes d’hébergement. Selon eux, la location à court terme ne représente pas le principal problème, contrairement à la nuisance produite, notamment par des occupants trop bruyants. Ces élus suggèrent alors aux voisins lésés de prévenir les policiers pour appliquer la réglementation en vigueur. Un enjeu pas encore analysé à Tourisme Memphrémagog Tourisme Memphrémagog n’a pas encore abordé de front le dossier de la location courte durée. Son président Yannick Beaupertuis vit bien avec cette formule, à condition que les locateurs respectent les règlements et obtiennent leurs permis d’opération. «Ça devient déloyal pour les établissements hôteliers si un locateur ne paie pas ses taxes, par exemple», prévient-il. M. Beaupertuis est convaincu qu’il sera impossible de freiner ce puissant intermédiaire de location de chambres, mais il souhaite des règlements uniformes par secteur ou par municipalité, afin de notamment préserver la qualité de vie des zones résidentielles. M. Beaupertuis, qui occupe des postes de direction à l’Estrimont et à Owl’s Head, voit d’un bon œil l’arrivée des hébergements de courte durée aux endroits ayant peu de chambres, mais avoue que la situation se complique dans une zone avec plus d’établissements hôteliers, comme à Magog.