Tribune libre: allocation d’électricité pour miner des «bitcoins»

Plusieurs seront surpris d’apprendre que la Ville de Magog s’apprête à allouer près de 10 mégawatts d’électricité (suffisamment pour alimenter de 500 à 1000 usagers dépendant de l’endroit et du temps de l’année) à un promoteur pour miner des «bitcoins».  (Il s’y trouve aussi un autre acheteur qui lui achète 12 MVA, mais flottant).

Je n’irai pas dans le détail des «bitcoins» comme tel, mais sachez que cette nouvelle monnaie virtuelle supposée être révolutionnaire n’est basée sur absolument rien de tangible, sauf seulement une technologie intéressante (blockchain), mais qui n’a encore trouvée aucune utilisation en 10 ans d’existence. Possiblement que dans un futur rapproché, cette monnaie retournera à sa valeur originale, qui est zéro, tout comme les tulipes de Hollande il y a quelques centaines d’années.

Mais assez de technique, présentement ce qui me tracasse le plus est le fait que les «bitcoins» sont «minés» par des ordinateurs.  Pour ce faire, on exécute des calculs de plus en plus complexes avec des centaines d’ordinateurs qui bouffent des quantités incroyables d’électricité sans pour autant faire un travail utile. La difficulté des calculs augmente avec l’augmentation de puissance des ordinateurs donc on ne verra pas davantage de quantité avec le temps.

En plus de ça, il en coûte présentement 240 kilowatts d’énergie perdue (équivalent à environ 25$ au Canada – 50$ ailleurs dans le monde, en moyenne) pour effectuer une seule transaction engendrée par des «bitcoins».  Encore heureux que ces transactions soient très lentes, on peut en passer environ 7 par secondes. Sachez par comparaison que Visa à elle seule exécute environ 56 000 transactions dans la même seconde pour une quantité infime d’énergie (environ 35 fois moins par seconde) et avec un plus haut taux de succès (ils ne se font pas «hacker» constamment et on peut revendiquer).

Voici donc mon point, la Ville s’apprête à octroyer notre électricité à une seule personne (2 possiblement) qui tente de s’enrichir en gaspillant une richesse naturelle précieuse tout en ne créant absolument aucune valeur ajoutée. Tout ça part en chaleur sans rien accomplir. Possiblement que la négociation est profitable pour Magog à court terme, mais est-elle aussi profitable pour la planète ou pour nos citoyens?  C’est votre conscience ici qui peut répondre. Et au prochain hiver, vous dira-t-on encore plus tôt cette fois-ci : essayez de ne pas utiliser trop d’électricité, mangez froid ce soir et ne vous douchez qu’à l’eau froide on est saturé à l’hydro, on va manquer d’électricité.  Vous aurez une idée ce qu’on fait avec.

 

Marc Delisle