Une centaine d’élèves possiblement agressés aux Servites d’Ayer’s Cliff

JUSTICE. Une centaine d’élèves du Collège Notre-Dame des Servites (aujourd’hui appelé Collège Servite) auraient été agressés sexuellement par des religieux de cette institution entre les années 1960 et 1990.

Tel est le constat de l’avocat Robert Kugler, qui vient de déposer une demande pour intenter une action collective pour le compte des victimes. Une compensation financière figure parmi les objectifs des dénonciateurs.

Le cabinet Kugler Kandestin informe qu’il est encore temps pour de possibles victimes de se manifester de façon confidentielle et gratuite. «Nous voulons aider les victimes, les informer de leurs droits et les écouter», indique-t-il.

Le nombre de victimes risque d’augmenter avec la publication des présumés agresseurs. Selon Me Kugler, les avocats ont le droit et l’obligation de les identifier publiquement pour que les victimes soient plus libres de se dévoiler.

Il s’agit des Pères Jacques Desgrandchamps, Robert Desloges, André Cotton, Yvon Chalifoux, Bernard Lajeunesse, Michel Lussier, Gilles Poirier, André-Marie Syrard et Raymond Délisle. Des victimes de présumés agresseurs différents de ceux-ci sont également invitées à se manifester.

Ces religieux avaient autorité sur les jeunes à titre d’administrateurs de la congrégation, de directeurs ou d’enseignants.

La centaine de victimes proviendraient du Québec et des Cantons-de-l’Est.

Des agressions systématiques sur un garçon de 12 à 14 ans

L’un des pères concernés (Jacques Desgrandchamps) aurait commis des agressions sexuelles sur un garçon de 12 à 14 ans «de manière systématique».

Ce requérant, aujourd’hui âgé de 57 ans, «a subi et continue à subir des séquelles importantes en raison des agressions sexuelles dont il a été victime», lit-on dans la requête déposée à la Cour supérieure.

Élève, le requérant considérait ce Père comme une figure paternelle et spirituelle, puisqu’il avait peu de contact avec sa famille qui résidait loin du collège. Il lui a offert de l’alcool à plusieurs reprises. Les agressions consistaient toujours à des fellations, sauf à une occasion où le Père Desgrandchamps a tenté de sodomiser l’élève.

Ce dernier déplore que plusieurs religieux qu’il croisait dans l’aile des pères n’ont rien fait pour le protéger, dont quelques-uns qui figurent dans la liste plus haut.

Des agressions commises dans une paroisse de Magog

La requête révèle que le Père Desgrandchamps était aussi vicaire à la paroisse Sainte-Marguerite-Marie à Magog. «Il lui est arrivé à quelques reprises que le Père Desgrandchamps amène le requérant au restaurant, puis passer la nuit à cette paroisse où il l’agressait sexuellement», lit-on.

Ce religieux a œuvré 15 ans à Ayer’s Cliff en plus d’être vicaire à Magog et à la paroisse Saint-Barthélémy d’Ayer’s Cliff. Aujourd’hui, il s’occupe de la pastorale dans une paroisse d’Ottawa.

Quant au requérant, il est devenu solitaire, alcoolique, toxicomane et dépressif. Le déclic se fait en février 2017 lorsqu’il entend parler d’une sentence criminelle imposée à un religieux pour des actes de pédophilie. Il s’ouvre et dénonce. Son geste est imité par d’autres élèves du même collège, qui dénonce à leur tour les huit autres religieux.

Ce collège d’Ayer’s Cliff est totale laïque depuis 2007. Il porte aujourd’hui le nom de Collège Service. La Congrégation des Servites de Marie ne touche plus à l’administration de cette école secondaire.