Jean-Pierre Kesteman nous a fait connaître et comprendre notre histoire

Le décès de l’historien Jean-Pierre Kesteman, le 25 octobre dernier, a permis aux Sherbrookois de redécouvrir l’exceptionnelle contribution de celui-ci à la connaissance de leur passé. Dans les faits, c’est cependant toute la région qui a profité des recherches et des publications de celui qui a enseigné l’histoire à l’Université de Sherbrooke de 1968 à 2003.

À elle seule, «L’histoire de Sherbrooke» en quatre tomes, publiée dans le cadre du bicentenaire de la Reine des Cantons-de-l’Est, constitue une œuvre monumentale qui a exigé des années de travail. Mais le professeur Kesteman s’est aussi intéressé au syndicalisme agricole, à Lac Mégantic, à l’industrie papetière, à l’industrie lainière, aux débuts de Coaticook, au tramway à Sherbrooke et à une foule d’autres sujets; toujours avec aplomb et avec le souci de rigueur qu’il communiquait à la jeune génération d’historiens qui ont suivi ses cours pendant plus de trois décennies.

Évidemment, Jean-Pierre Kesteman connaissait aussi très bien Magog. Les membres de la Société d’histoire de Magog se souviennent encore de la conférence qu’il a prononcée au Centre d’arts Orford au milieu des années 1990.

En 2004, il a même publié un ouvrage, «Tout le long de la rivière Magog», qui retrace l’évolution de cette rivière, du lac Memphrémagog jusqu’à la Cité des Rivières, à Sherbrooke. Il y décrit avec moult détails la saga de ce cours d’eau qui a joué un rôle déterminant dans la création de l’Outlet, à la fin du XIXe siècle, et dans le passage du village à la ville de Magog qui se fait avec l’industrialisation, au cours des années 1880.

À travers ses descriptions, le lecteur peut visualiser et comprendre les différentes étapes de cette évolution couvrant plus de deux siècles. Il peut même les revivre en suivant des parcours suggérés par l’auteur, permettant de constater ce qui est advenu de la rivière à différents endroits stratégiques, notamment les barrages.

On retrouve dans «Tout le long de la rivière Magog» les deux préoccupations qui sont au cœur de l’œuvre de ce professeur émérite : faire connaître et faire comprendre aux Estriens les événements, les tendances et les influences qui ont façonné leur passé.

À cet égard, un incontournable demeure «L’histoire des Cantons-de-l’Est» qu’il a écrit en collaboration avec un autre professeur de l’Université de Sherbrooke, et spécialiste de notre région, Peter Southam, ainsi que Diane Saint-Pierre. Publiée en 1998, cette brique de plus de 800 pages constitue, sans conteste, l’effort le plus poussé jamais entrepris pour expliquer aux Estriens et aux Québécois, de cette génération et de celles qui suivront, la grande aventure que fut celle de notre région avant et depuis son ouverture à la colonisation, en 1792.

Un legs de plus dans l’héritage impressionnant que nous laisse Jean-Pierre Kesteman, un bâtisseur de notre histoire à qui nous devons tous, que l’on soit historien ou non, un respectueux coup de chapeau. Même si l’écho de la voix de ce Belge d’origine ne retentira plus dans les salles de classe ou de conférence de sa région d’adoption, sa contribution à la connaissance de notre passé, elle, continuera encore longtemps d’influencer la façon dont les Cantons-de-l’Est seront racontés et enseignés.