Pierre Cliche, le vieux routier du hockey estrien

LONGÉVITÉ. Si quelqu’un écrit un jour un livre sur l’histoire du hockey en Estrie, il devra assurément garder «quelques pages» pour parler de Pierre Cliche, figure marquante des circuits midget AAA, junior et senior depuis plus de 30 ans.

Bien qu’il ait franchi la cinquantaine depuis deux ans et même si ses genoux le font parfois souffrir, Cliche est encore debout derrière un banc, en l’occurrence celui du Desjardins/Wild de Windsor, dans la Ligue de hockey senior A de la Mauricie.

Est-ce de la passion, du dévouement ou de la folie, le principal intéressé n’en sait trop rien. «Je suis sans doute passionné et cabochon en même temps, lance-t-il avec son franc-parler teinté d’humour. Le senior, c’est un bon calibre de jeu, mais c’est plutôt compliqué pour un coach. Pas de pratique, pas de vidéo, c’est assez difficile d’instaurer un système de jeu», fait-il valoir.

Un séjour prolifique chez les Cantonniers

Même s’ils ont œuvré durant quatre saisons seulement, Pierre Cliche et son complice Luc Boucher sont parmi les entraîneurs ayant le plus marqué l’histoire des Cantonniers de Magog. Sous leur gouverne, l’équipe magogoise a d’abord atteint la demi-finale de la Ligue midget AAA, et par la suite la finale durant trois saisons consécutives. En saison régulière, ils ont totalisé 103 victoires.

Malheureusement, l’association du tandem Boucher-Cliche avec les Cantonniers a pris fin en 1989-1990 à la suite d’une mésentente avec la direction.

Arrivée controversée à Granby

Chômeurs du hockey depuis quelques mois, les deux entraîneurs magogois obtiennent enfin la chance de graduer dans la LHJMQ en octobre 1991, lorsque les Bisons de Granby leur lancent un SOS. «John Paris venait de se faire mettre à la porte malgré une fiche positive, et il semblait être très apprécié des joueurs. Ceux-ci ont décidé de déclencher une mini-grève pour protester contre son départ et notre arrivée. Il a fallu l’intervention de Gilles Courteau (commissaire de la LHJMQ) pour qu’on puisse débuter notre premier match… avec 45 minutes de retard», se remémore Cliche.

L’aventure des deux Magogois à Granby a pris fin quelques mois plus tard, lorsque le bateau est reparti à la dérive. «Nous avions connu un assez bon départ, mais par la suite, ça a viré de bord. À un certain moment, on s’est retrouvé avec une fiche de 7 victoires et 14 défaites», a-t-il relaté.

Il dirige son ancien complice

Pierre Cliche aura mis du temps avant de retourner dans la LHJMQ. Dans la décennie 90, il a effectué un bref retour derrière le banc dans la Ligue midget AAA (avec les Riverains du Richelieu), fait ses premières armes au hockey senior à Waterloo et connu ses heures de gloire avec les Frontaliers de Coaticook junior AAA.

Cette période est marqué par la séparation du duo Boucher-Cliche, qui, ironiquement, se retrouvera dans des circonstances inattendues au milieu des années 1990. «Luc était en quelque sorte le joueur-entraîneur du 94 de Waterloo (hockey senior), et on m’avait demandé si j’étais intéressé à donner un coup de main en devenant leur entraîneur. J’ai dit au propriétaire que j’allais essayer un match. Si je gagnais, il devait m’embaucher, et si je perdais, il ne me revoyait plus. Ce soir-là, nous jouions contre la meilleur équipe de la ligue, les Dragons d’Iberville… et nous avons gagné!».

Au début des années 2000, Pierre Cliche est embauché comme adjoint à Jos Canale chez les Castors de Sherbrooke. «Ça s’est terminé lorsqu’ils ont congédié Canale (fin 2001). Je n’étais pas sur la même longueur d’ondes que son remplaçant (Jean Pronovost)», a-t-il avoué.

Par la suite, l’entraîneur magogois est retourné à Coaticook où il a notamment fait équipe avec un autre vieux complice, Luc Demers , pour diriger des formations junior et senior

Encore aujourd’hui, Demers est son acolyte avec le Wild de Windsor. «Outre Luc Boucher et Luc Demers, j’ai eu la chance de travailler avec plusieurs bons gars de hockey comme Luc Viens (à Coaticook) et Stéphane Waite», lance-t-il avec reconnaissance.

Un geste irréfléchi?

Si la route de Pierre Cliche dans le monde du hockey a été fertile en rebondissements, il faudra se rappeler que tout a débuté il y a 30 ans, lorsqu’il a été nommé à la tête des Cantonniers avec son comparse Luc Boucher. «La seule expérience qu’on avait à l’époque, Luc et moi, c’était d’avoir dirigé une équipe midget BB durant deux saisons. Et encore là, nous avions hérité de la responsabilité du club après trois mois parce que l’entraîneur-chef souffrait d’un cancer», précise-t-il.

«Le hasard a voulu que notre gérant du midget BB, Serge Lagueux, soit nommé gérant des Cantonniers, et c’est lui qui a décidé de nous embaucher avec le midget AAA. C’était un peu irréfléchi d’embaucher deux gars au début de la vingtaine, mais on s’en est finalement bien sorti».