Quand l’habit ne fait pas le moine

Au retour des vacances, la nouvelle de la mise en vente du presbytère Saint-Patrice a particulièrement attiré mon attention. J’ai constaté que la médecine à laquelle nous avions gouté (moi et mon groupe pour le maintien de la catéchèse Sainte-Marguerite) se pratiquait encore dans nos paroisses.

Ce triste constat m’a rappelé l’attitude cavalière des deux nouveaux décideurs en soutane qui chapeautent et influencent maintenant notre conseil de fabrique. Ces deux abbés, qui à prime abord semblaient sympathiques et dévoués, sont à n’en plus douter, chargés d’une mission: redresser les finances paroissiales. Mais à quel prix ?

Dans cette vie effrénée, l’Église peine à garder ses fidèles. La foi catholique est éprouvée et dans bien des paroisses, il y a un grand manque de ressources financières. Comment intéresser la relève, poursuivre la transmission des valeurs catholiques, développer la piété, l’esprit pastoral et l’engagement communautaire?

Dans la défunte paroisse Sainte-Marguerite, subsistait un groupe de jeunes, de parents et de catéchètes qui croyaient à la poursuite de cette foi. Dans de petits locaux exigus, au décor et à l’ameublement rudimentaire chargé de l’ambiance de leur défunte paroisse, gravitait un merveilleux groupe de catéchètes inspirées et inspirantes. Dévouées, elles prenaient autant de plaisir que les jeunes à vivre leur catéchèse et à préparer ceux-ci à vivre leurs sacrements. L’ambiance de ce petit groupe rayonnait tellement que des jeunes d’autres paroisses environnantes venaient se joindre à eux.

L’automne dernier, ils furent plus de 90 à s’inscrire aux différents projets pastoraux, représentant ainsi plus de la moitié des jeunes inscrits dans le secteur Memphrémagog. Même la direction de l’école avoisinante collaborait pour permettre le déplacement des jeunes vers le local de catéchèse.

Mais nos deux abbés ont passé le couperet. Offensés de devoir payer des taxes de location pour le local et dérangés par la volonté des catéchètes de poursuivre leur mission telle qu’elles le faisaient, ils ont mis fin aux activités de la catéchèse Sainte-Marguerite. Ainsi ce printemps, mis devant le fait accompli, devant les réponses nébuleuses et insatisfaisantes des deux abbés, tous ces jeunes et leurs parents ont décidé de se mobiliser (pétition, témoignages de sensibilisation, comité chargé de transmettre leurs pistes de solution, etc). Ils ont même proposé de financer entièrement les coûts du maintien de la catéchèse Sainte-Marguerite! Rien à faire. Il y aurait dorénavant un seul centre catéchétique pour l’ensemble de notre secteur et ils ne changeraient pas leur décision. « Là-bas, il y aura de beaux locaux, du beau mobilier et de belles petites chaises. Vos enfants adoreront ça!» de leur répondre l’Abbé Thompson.

Mais voilà chers abbés, l’essentiel du message de Jésus ne réside pas en de beaux petits locaux meublés et surtout pas en l’argent. La foi est une affaire de cœur et de vécu. L’essentiel de la démarche pastorale, de l’amour et de l’appartenance à une communauté spirituelle se trouvait dans ces petits locaux exigus. Il y avait là, tout un groupe de jeunes enfants et de jeunes parents prêts à faire vivre cette belle religion qu’est la nôtre. À préparer des cérémonies et à participer à des fêtes à l’Église.

Il y avait là une relève… Mais vous y tournez le dos sous prétexte d’aller de l’avant. Vous faites preuve de fermeture et de mépris envers ce groupe de catéchètes et leur approche, tout en les critiquant et dénigrant. Vous nous mettez devant le fait accompli, sans possibilité de révision de votre décision. Si au lieu de ça, vous aviez eu une approche franche et transparente, en serions-nous là? Vos belles homélies du dimanche et votre attitude dans certains dossiers nous laissent croire qu’avec vous, «les bottines ne suivent pas toujours les babines».

Après votre départ, que restera-t-il de votre passage «administratif» dans nos paroisses? Les gens qui, comme nous, auront un goût amer de votre attitude et auront perdu confiance en vos belles paroles ne seront plus au rendez-vous. Et que dire de la relève? S’il y a une chose que les jeunes d’aujourd’hui ont développé c’est bien leur sens critique. Il faut bien plus qu’un habit pour leur faire croire au message…

Mélanie Pelletier, Martin Denis, Réjean Lacroix, Isabelle Arguin et Étienne Lajeunesse

Du comité Catéchèse Sainte-Marguerite (Magog)