Le bureau de poste de Magog (1909-1972)

Ce magnifique édifice, construit en 1909 sur le site de Ski Vélo Vincent Renaud, aurait mérité de faire partie de notre patrimoine collectif. Je ne souhaite pas m’apitoyer sur le sort qu’il a subi, mais comme il revient fréquemment sur le sujet, habituellement avec des erreurs factuelles, quelques précisions historiques sont de mise.

La plus récente publication, dans la Tribune libre du Reflet du lac du 9 septembre, est signée par un coprésident de la CCIMO, qui affirme que la démolition a eu lieu en 1963, et que la décision a été prise par le gouvernement fédéral. Ces deux affirmations sont inexactes.

L’édifice a été construit par le gouvernement fédéral, en 1909. En plus du bureau des postes, il abritait le département des Douanes du Canada. En 1963, le gouvernement fédéral opte pour rassembler sous un même toit tous ses bureaux locaux. À cette fin, l’édifice fédéral actuel de la rue Principale Est est érigé, et le bureau de poste y emménage, le 26 octobre 1963. L’ancien bureau de poste est à vendre.

La Ville de Magog espère pouvoir en faire l’acquisition pour la somme de un dollar, mais ça ne correspond aux exigences de la Corporation de disposition des biens de la Couronne, qui a déjà reçu une offre de 20 000 $. Après plusieurs mois de négociations, le 8 avril 1964, la Ville doit se résoudre à verser la somme de 20 000 $.

Au même moment, un projet de bibliothèque municipale est sur la table. La Ville accepte d’y loger, entre autres locataires, la bibliothèque de la Austin Women’s Institute, l’ancêtre de notre bibliothèque Memphrémagog. La municipalité a investi entre 40 000 et 50 000 $ pour des rénovations. L’édifice loge aussi des courtiers en assurances, une troupe de scouts, un «club de vieux rentiers» pour y jouer aux cartes et des toilettes publiques.

Quelque cinq ans plus tard, la Ville décide de s’en départir. Le 24 novembre 1970, des soumissions sont demandées et doivent être reçues avant le 7 janvier 1971. M. J. Aimé Choquette, qui opère une épicerie-boucherie sous la bannière IGA, gagne le concours et en fait l’acquisition au coût de 51 099 $. L’acquéreur doit respecter le droit des locataires d’y demeurer jusqu’en mai, mais il sera libre de disposer de la bâtisse ou de la conserver. C’est en décembre 1972 que l’édifice sera finalement démoli. La décision de la démolir n’a donc pas été prise par le gouvernement fédéral, en 1963, mais par les élus municipaux qui l’ont autorisée, en 1972.

Maurice Langlois

Magog