La Traversée largue la FINA et abandonne son 34 km

VOLTE-FACE. La direction de la Traversée internationale du lac Memphrémagog a créé toute une commotion, ce mardi, en annonçant qu’elle coupait les ponts avec la FINA (Fédération internationale de natation), une mesure qui entraîne l’annulation du marathon de 34 km et de la course de 10 km.

Cette volte-face, qui survient à deux mois de la présentation de 2015 (29 juillet au 1er août), pourrait cependant entraîner le retour de l’épreuve de 42 km entre Newport et Magog, telle qu’on la connaissait à l’époque.

Exaspérés de se faire mettre constamment des bâtons dans les roues par la Fédération internationale, en plus d’avoir à payer des frais d’inscription qu’ils jugeaient exorbitants, les dirigeants de l’événement magogois espèrent repartir sur de nouvelles bases en donnant toute la place à la nage amateure. «Il n’y a que deux épreuves qui sont retirées de notre horaire, soit le 34 km et le 10 km comptant pour la FINA. Toutes les autres courses de nage en eau libre vont rester au programme de la fin de semaine, et on va même tenir le sprint de la relève le jeudi», explique la présidente Cathy Bourgeois.

«Depuis plusieurs années, la FINA tenait les championnats européens en même temps que notre compétition, ce qui nous privait de plusieurs nageurs. On leur avait pourtant demandé maintes fois de déplacer cette course afin de ne pas nous nuire. En plus, il fallait payer 15 000 $ (US) d’inscription annuellement juste pour avoir le droit de tenir le 34 km», laisse entendre l’ex-président et responsable des activités aquatiques, Serge Laurendeau.

En contrepartie, la Traversée devrait joindre les rangs de la Global Swim Series, une association indépendante qui chapeaute déjà une douzaine d’épreuves à travers le monde et dont les règles semblent moins rigides. «À sa deuxième année d’existence, cette association a même fait une percée au Brésil, un pays traditionnellement pro-FINA et qui accueillera les Jeux olympiques en 2016. En plus, les coûts d’adhésion sont seulement de 99 $ par année», ajoute M. Laurendeau avec un sourire en coin.

Retour aux sources

Ce changement de cap inattendu devrait permettre à la Traversée de retrouver sa mission première, selon les organisateurs.

«Au lieu de miser sur l’élite, on va favoriser le développement des amateurs et travailler pour augmenter le nombre de participants. On va se positionner parmi les leaders de la nage en eau libre au Québec pour développer des athlètes qui accéderont à des niveaux supérieurs. L’an dernier, il n’y avait qu’un Québécois (Xavier Desharnais) sur la ligne de départ du 34 km. Ce n’est pas normal», avance Jean-Guy Gingras, lui-même ancien président et haut dirigeant de la Traversée.

Le retour du marathon de 42 km entre Newport et Magog, tel qu’on le connaissait jusqu’en 2003, pourrait bien se faire dès l’édition 2016. «Nous avons déjà des pourparlers du côté américain et il y a une belle ouverture», assure Serge Laurendeau.

Pleinement d’accord avec la démarche de la Traversée, la mairesse Vicki May Hamm estime aussi qu’un retour aux sources sera bénéfique. «Nous avons la chance d’avoir un lac qui traverse deux pays, ce qui nous distingue des autres courses au Québec. Phil White (promoteur de l’organisme Kingdom Games) organise déjà une traversée entre Newport et Magog depuis quelques années (en septembre), et il réussit à attirer des nageurs amateurs de partout aux États-Unis», fait-elle valoir.

«J’ai la Traversée tatouée sur le cœur et ses dirigeants ont pris la meilleure décision. Il y a une grosse tendance au Québec pour la mise en forme et on doit miser sur la quantité. De nos jours, les visiteurs ne veulent pas être spectateurs; ils veulent participer», a ajouté la mairesse de Magog.

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