Mon entrée en l’an 2015

1er janvier 2015. Assis devant mon foyer, je pense au party de fin d’année 2014 chez des amis, Diane et Claude, hier au soir. Ce fut l’un de mes plus beaux partys de fin d’année de toute ma vie. Pour celles et ceux qui me connaissent, ce n’est pas peu dire parce que des «partys» dans ma vie, j’en ai fait et j’en suis allé à plusieurs. Avoir Édith Butler parmi les invités une soirée du jour de l’An, c’est un cadeau du ciel. Quelle merveilleuse personne.

Merci Madame Butler de nous avoir chanté des chansons de votre dernier CD, Édith Butler, Le Retour, et de nous avoir fait chanter et danser. Oui, elle a chanté Paquetville. Tout le monde était heureux et quand tu es heureux, tu te crois éternel. Et cela, ça frôle l’extase. C’est comme une vie où la mort serait absente. On voudrait qu’il n’y ait pas de fin quand on est heureux. Madame Édith m’a donné une sacrée leçon de vie ce soir-là. Si je n’avais

pas été voir sur Wikipédia l’âge qu’elle a, je ne l’aurais jamais cru; à la regarder, à l’écouter, je me sentais exactement comme je suis, jeune.

Je regarde le feu, je pense et je me demande ce que je vais vous écrire en cette première journée de 2015. Plus je vieillis, plus la première journée d’une nouvelle année est importante. Je compte les années qui me restent pour arriver à 80 ans; il ne m’en reste pas beaucoup pour me rendre à cet objectif. Mon père est décédé à 79 ans et ma mère à 84 ans. J’ai beau être en santé, être en forme, je réalise qu’à 80 ans nous serons loin d’être une jeunesse et le pire, c’est que je ne peux rien y faire ; c’est un sentiment d’impuissance atroce. On doit subir le vieillissement et cela pour des personnes actives, c’est pire que la mort elle-même.

J’ai déjà écrit que j’aimerais rencontrer celle ou celui qui a nommé la première fois la vieillesse comme étant l’âge d’or. Maudit que j’aimerais le voir devant moi. Il y en a un autre que j’aimerais rencontrer, c’est celle ou celui qui a dit que c’est un privilège de vieillir. Elle ou il a oublié d’ajouter : en santé. Même vieillir en santé, je ne suis pas certain que c’est un privilège. Qu’on le veuille ou non, vieillir c’est le commencement de la fin. Mon ami, le grand écrivain Marc Levy, a écrit que «la vieillesse a ses charmes». Maudit que j’ai hâte de le revoir pour lui dire d’attendre d’être vieux pour savoir s’il écrirait encore cela.

Joseph Rony écrivait qu’ «on ne peut s’empêcher de vieillir, mais on n’est pas obligé de vivre en vieux». Dans ta jeunesse, fais l’amour, dans ta vieillesse, prends ton temps pour faire l’amour et tu regretteras quasiment d’avoir été jeune. Tiens, je viens de trouver du positif dans le fait de vieillir.

Je suis toujours devant mon feu de foyer; le feu baisse, il vieillit, il va mourir. Je me lève, j’y mets une buche et oups, il reprend vie. Tiens, ça me prend une buche ! Je ferme mes yeux et la première chose qui me vient à l’esprit ce sont mes deux filles, Magali et Raphaële. Je souris et je reprends vie.

En cette période de cadeau, je me fais un cadeau ; je vous parle d’un de mes projets. Je me relis et je réalise que je parle encore de la vieillesse. Pourtant j’ai des projets, j’ai encore des rêves. L’un de mes rêves est d’écrire des biographies de gens ordinaires qui ont eu une vie extraordinaire ou des gens extraordinaires qui ont eu une vie ordinaire.

Prenons l’exemple de Jean Charest ou de Lucien Bouchard. Leur vie politique ne m’intéresse pas du tout; il y aura des dizaines de livres qui s’écriront sur cet aspect de leur vie. Moi, ce qui m’intéresse, c’est comment eux et leurs proches ont vécu leur vie ordinaire à l’intérieur de leur vie extraordinaire. Comment ils ont vécu la vraie vie. Nous apprenons à chaque fois que nous lisons une biographie et ce n’est pas à 40 ans que tu peux écrire sur l’âme d’une personne; c’est à mon âge et c’est avec le vécu que j’ai que je pourrai saisir et exprimer tous les sentiments et émotions que ces gens célèbres ont vécus.

Ce qui est extraordinaire dans ce projet, c’est que mon bureau se trouve dans mon cœur et dans ma tête, de sorte que je peux écrire là où je suis. Laissez-moi écrire une biographie d’une femme ou d’un homme québécois, je vous garantis que ce sera le commencement d’une série ; les jeunes gens y retrouveront leur racine ce qui fera de nous un peuple plus fier et plus heureux. Pas besoin de toujours aller à l’école pour apprendre; on peut le faire par soi-même.

Les gens ne connaissent pas l’histoire du Québec, mais par des biographies des gens d’ici, ils sauront pourquoi ils sont ce qu’ils sont. Le plus grand cadeau que se ferait cette personne dont j’écrirais une biographie ne serait pas la publication de sa biographie, mais plus tôt le merci papa ou le merci maman.

En écrivant des biographies, j’aurai encore du temps pour aimer, pour faire l’amour, pour passer plus de temps avec mes amis, pour me faire de bons repas, pour voyager, pour faire mon gazon, pour m’occuper de mon terrain, pour m’amuser à écrire mes chroniques, pour passer plus de temps avec mes filles et moins de temps avec mon banquier, mon percepteur d’impôts, mon comptable et mon médecin, j’en suis certain.

Je reviens sur ma soirée du jour de l’An; en plus de madame Édith Butler, le grand pianiste François Cousineau, pour qui j’ai une grande admiration, nous a joués du piano comme seul lui sait le faire. Quand j’entends un tel pianiste, je suis plusieurs jours sans jouer sur mon piano. Puis le chroniqueur et humoriste Michel Beaudry nous a transmis sa bonne humeur pendant toute la soirée. Ça finit bien une année et ça en commence bien une autre.

Mes amis, je vous souhaite à tous trois choses pour 2015 : la santé mentale, la santé physique et la santé financière, et le tout dans cet ordre.

J’ai hâte de savoir ce que je vous écrirai le 1er janvier 2016.

 

Me Laurent Pelletier, avocat à la retraite

laurent@laupel.com