Erreurs médicales : de rares cas graves ou mortels

VIGILENCE. Bien que 85% des événements déclarés comme incidents ou accidents au ministère de la Santé n’ont aucune conséquence et que près de 15% ont des séquelles temporaires, une infime partie (0,06%) affecte la clientèle de façon grave ou entraîne la mort.

L’un des cas qui a fait les manchettes en 2014, celui de la Magogoise Francine Desjardins, qui poursuit un pneumologue du CHUS pour 440 000 $, alléguant qu’il est responsable de la mort de son mari, Gilles Nault. Le Dr Robert Boileau est accusé au civil de ne pas avoir effectué le suivi d’une radiographie détectant une lésion maligne au poumon droit de M. Nault en 2009.

C’est en août 2011 que le patient souffrant apprend être condamné par un cancer multi-métastatique qui s’est répandu au cerveau et aux os. L’homme de 64 ans est décédé quatre mois plus tard. En juillet dernier, devant l’Ordre des médecins, le pneumologue s’expliquait mal l’oubli de ce rapport du radiologiste recommandant davantage d’investigation.

«Le dossier est inscrit pour procès. On attend une date de procès», précise Me Jean-Pierre Ménard, avocat de Mme Desjardins. Selon les experts au dossier, si M. Nault avait reçu le diagnostic approprié en 2009, il serait en vie aujourd’hui, puisque son cancer était traitable.

Des erreurs reliées aux diagnostics, l’Estrie en cumule 477 au dernier rapport semestriel des incidents et accidents du ministère de la Santé, entre le 1er octobre 2013 et le 31 mars 2014. Au CSSS de Memphrémagog (CSSSM), ce chiffre est à 45, tandis qu’il grimpe à 337 au CHUS. Pour obtenir d’autres statistiques, il suffit de cliquer sur cette phrase.

Au CSSSM, les événements déclarés reliés aux diagnostics sont sept fois moins nombreux que ceux concernant la médication. La majorité est un oubli de médicament, mais on retrouve dans le rapport des erreurs de dosage ou bien de la pharmacie. Même si le personnel infirmier s’en aperçoit à temps, l’incident doit être déclaré. Certains pourraient dire que l’écriture parfois illisible de médecins n’aide pas, pendant que d’autres affirment que le contexte est souvent complexe avec une clientèle de plus en plus lourde.

«C’est d’une grande complexité d’intervenir auprès des personnes âgées, ça demande toutes sortes d’habiletés, surtout quand on sait que 80 à 85% d’entre elles souffrent de déficits cognitifs», soutient Lucie Tremblay, présidente de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ). Elle affirme que ses protégés sont continuellement aux aguets et font tout en leur pouvoir pour que le nombre d’erreurs dans le réseau de la santé soit réduit au minimum.

«Une erreur, ce n’est jamais volontaire», conclut Mélissa Gaouette, présidente du Syndicat du personnel infirmier technique et professionnel-CSN au CSSSM. Elle croit notamment que la surcharge et l’obligation d’effectuer parfois des heures supplémentaires de travail sont des facteurs favorisant les incidents.