Cure de jouvence pour la maison Merry. Vraiment?

La semaine dernière, on apprenait avec joie le projet de la Ville de Magog de mettre en valeur la maison Merry, construite en 1821 et considérée comme la plus ancienne de la municipalité.

Si on ne peut qu’applaudir le projet – projet qui germait d’ailleurs dans l’idée des fondateurs de la Société d’histoire de Magog en 1988, nous avons certaines réserves concernant le choix de démolir l’aile secondaire et les annexes du bâtiment actuel, pour les remplacer par une structure beaucoup trop moderne qui est loin de respecter les critères applicables en matière de mise en valeur d’une maison patrimoniale. La publication «Conseils, trucs et astuces pour conserver le caractère patrimonial de votre maison», publiée par la Ville de Magog en 2012, vient illustrer nos dires.

Si le guide est d’abord destiné aux propriétaires du quartier des Tisserands, on voit mal comment les principes généraux en matière de protection du patrimoine qui y sont véhiculés ne pourraient pas s’appliquer au site et à la maison la plus ancienne de la municipalité!

Dans ce guide, on mentionne qu’il est «important de protéger et de mettre en valeur les composantes d’époque encore en bon état». Je doute que cette aile secondaire et les annexes soient dans un état tel que l’on doive les raser et reconstruire en entier. «Remplacer le moins possible!», peut-on y lire à la page 9 du guide. Concernant les portes et fenêtres, on y mentionne que «l’emplacement d’origine des fenêtres doit être respecté. Une fenêtre ou une porte est déplacée s’il n’y a pas d’autres choix ou pour des raisons de sécurité» (p. 11). Plus encore, concernant les agrandissements d’une maison ancienne, le guide nous enseigne qu’il est «essentiel de conserver intact le volume du corps central. Celui-ci doit demeurer parfaitement lisible. L’agrandissement […] doit être nettement plus petit que le corps central.» (p. 13)

Avec respect pour l’opinion contraire, et à se fier au croquis publié dans le journal local, aucun de ces principes ne semble avoir été respecté. Nous avons droit à une annexe truffée de vitrines modernes qui s’intègrent mal aux fenêtres de la maison ancienne, une entrée dont les proportions s’éternisent et là aussi, coiffée d’une fenêtre panoramique qui n’a aucun rapport avec le caractère ancien du bâtiment principal. Une lucarne rampante semble faire partie du nouveau bâtiment, ce qui s’explique mal compte tenu du fait que la maison a été construite bien avant leur avènement.

J’estime que cet agrandissement pourrait être réalisé mais en respectant les critères généralement reconnus en matière de mise en valeur du patrimoine, ce qui n’affecterait nullement un projet rassembleur et où les Magogois pourront prendre possession des lieux.

 

Me Alain R. Roy

Résidant de Magog