Les Magogois ont célébré l’armistice de 1945

La commémoration du centième anniversaire du déclenchement de la Grande Guerre 1914-1918 a été l’occasion de se souvenir de cet événement tristement mémorable. Les Canadiens ont payé un lourd tribut pour ce conflit sanglant, comme pour celui de 1939-1945 qui sera le plus meurtrier de l’histoire.

La longueur et le coût humain de la Deuxième Guerre mondiale ont contribué à fixer cet événement dans l’esprit des Magogois qui vivaient à cette époque, et ce, même pour ceux qui n’ont pas porté l’uniforme ou n’ont pas vu l’un des leurs servir outre-Atlantique. Aussi, quand la confirmation de la reddition allemande et de la Victoire en Europe est communiquée à la radio, l’avant-midi du lundi 7 mai 1945, tous poussent un soupir de soulagement.

Même si l’armistice ne sera conclu officiellement que le lendemain, et que les hostilités se poursuivent dans le Pacifique, les Magogois ont le cœur à la fête. Le travail cesse spontanément et on improvise «sous le coup de la joie», selon La Chronique de Magog, des manifestations dans les rues. Le chef de police Télesphore Lavoie s’assure que tous apprennent la nouvelle en faisant retentir la puissante sirène du gros camion de pompiers que l’on fait circuler dans les principales artères de la ville.

Pendant que la population exprime son soulagement, une cérémonie plus élaborée s’organise pour le dimanche 13 mai. Elle commence à 15 heures par une imposante parade défilant sur Saint-Patrice (près du Couvent), Principale, Merry Sud, Bellevue et de Hatley, avant de revenir sur Principale en direction de l’est, jusqu’à Saint-Pierre, avant de se terminer au Collège Saint-Patrice. À ce moment, ce tracé couvre une part importante de la section peuplée de la ville.

Des dizaines de personnes font partie de la parade – policiers, pompiers, conseillers municipaux, fanfare, vétérans de la Guerre 1914-1918, cadets, scouts, etc. – , alors que des commerçants locaux commanditent des chars allégoriques honorant les chefs des nations alliées ou la frégate HMCS Magog, torpillée en octobre 1943.

Des discours sont ensuite prononcés à la pointe Merry, dont celui du maire J. Dorius Hamel. Une foule immense est réunie pour l’occasion sur les rives du lac, une scène à laquelle assiste, du haut des airs, un avion piloté par le Magogois Claude Hébert. Un feu de joie complète cette soirée.

L’armistice passé, la vie continue. Et une fois la fête terminée, se profilent des inquiétudes. Combien de temps durera encore la résistance japonaise ? Aussi, qu’adviendra-t-il de l’économie canadienne maintenant que le contexte de croissance et de plein emploi suscité par la guerre approche de son dénouement ? Encore vivant, le souvenir de la crise des années 1930 n’est pas sans hanter les esprits.

Bien que compréhensible, cette crainte n’est pas fondée. Mieux planifié qu’en 1918, le retour à la paix de 1945 sera marqué par une période de prospérité soutenue que l’économiste français Jean Fourastié baptisera les «trente glorieuses» (1945-1975). Elle changera durablement le visage du pays et celui de Magog dont le territoire habité prendra une expansion significative.