Retraites des employés municipaux : les contribuables méritent aussi d’être considérés

À voir les slogans utilisés et les moyens de pression exercés par les employés de la Ville de Montréal, on croirait qu’un cataclysme menace de s’abattre sur leurs conditions de travail. Or, il faut remettre les pendules à l’heure et rappeler que le projet de loi no 3, Loi favorisant la santé financière et la pérennité des régimes de retraite à prestations déterminées du secteur municipal, permettra aussi de rétablir davantage d’équité dans un système où l’ensemble des contribuables est souvent nettement désavantagé.

En effet, c’est l’ensemble des contribuables (citoyens et propriétaires de PME) qui assume la plus grosse part de la facture des retraites dorées dont bénéficient les employés municipaux. L’an dernier, les contribuables de Montréal par exemple, ont déboursé 7,1 % de leur compte de taxe pour couvrir les pensions des employés et ex-employés municipaux. Le problème c’est que, dans plusieurs cas, la part des régimes de retraite des employés municipaux qui est payée par les citoyens se chiffre à plus de la moitié et s’élève même jusqu’à 75 % dans certains cas. Une telle répartition des coûts est inéquitable et le devient encore plus lorsqu’on sait combien les travailleurs de la classe moyenne peinent à épargner en vue de leur propre retraite.

En fait, selon certains scénarios, pour bénéficier des mêmes conditions de retraite, ceux-ci devraient accumuler des sommes avoisinant le million de dollars, ce qui est largement hors de la portée de la majorité des travailleurs québécois.

À cette iniquité s’ajoute la non-viabilité de ces régimes dans le contexte démographique et économique que nous connaissons. En effet, au Québec, les déficits des régimes de pension municipaux s’élèveraient à quelque 3,9 milliards $. Contrairement à ce qui est véhiculé par certains, il est faux de prétendre que ces déficits sont strictement liés aux sautes d’humeur des marchés boursiers ou aux congés de cotisation des employeurs. Ces déficits sont bel et bien structurels. Avec une population qui, heureusement, vit de plus en plus longtemps et les départs hâtifs à la retraite, la pression sur les régimes à prestations déterminées (ou garanties) du secteur public ne cessera de grandir. Or, on peut fortement présager qu’un système dans lequel les bénéficiaires peuvent toucher une pension plus longtemps que le nombre d’années qu’ils ont travaillé n’est, par définition, pas viable sans que les contribuables ne se retrouvent tôt ou tard avec une facture salée.

Si on peut avoir du respect pour nos policiers, nos pompiers et les employées de la fonction publique, on peut s’attendre à ce que cela soit réciproque. Dans notre réalité économique et démographique, ramener les contributions des employés municipaux à leur régime de pension à 50 % et le coût maximal des régimes de retraite à 18% de la masse salariale représente un effort minimal. Les contribuables et les chefs de PME ont droit à cette équité, eux qui après les hausses de taxes souvent faramineuses des dernières années, y ont grandement goûté!

 

Martine Hébert

Vice-présidente principale et porte-parole nationale de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI)