À sa fondation, en 1888 : Magog était une ville jeune

Les statistiques récentes démontrent qu’en ce moment 30,4% des Magogois, soit presqu’une personne sur trois, a plus de 60 ans.

Cette tendance au vieillissement n’est évidemment pas unique à Magog. Elle n’en constitue pas moins une caractéristique fondamentale de notre société, dont l’influence se fait sentir de plusieurs façons (implantation de résidences pour personnes âgées, hausse du budget des services de santé, etc.). Phénomène qui nous amène inévitablement à nous demander à quoi ressemblera le Magog de demain.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les choses ont bien changé depuis la fondation de la municipalité de village, en 1888. Selon le Recensement fédéral de 1891, le Magog d’il y a 125 ans présente en effet un profil démographique bien différent de celui d’aujourd’hui.

D’une part, les personnes âgées y sont plutôt rares. Sur 2 081 Magogois, seulement 579 dépassent alors l’âge « vénérable » de…30 ans ! Ce qui ne représente que 27,8% de la population. Il s’agit presque exactement de l’inverse de la situation actuelle puisque, selon le Recensement de 2011, 71,5% des Magogois ont, en ce moment, 30 ans et plus.

Autre statistique étonnante : en 1891, 185 habitants, soit 9% de la population, ont 50 ans et plus. Encore là, l’écart avec 2011 est impressionnant puisque 11 865 Magogois, donc près de la moitié de la population (46,5%), figurent actuellement dans ce groupe d’âge.

D’autre part, le Magog de 1891 est indiscutablement une ville jeune. Même très jeune. Elle compte alors 609 enfants de 10 ans et moins, représentant 29,1% de la population globale. Ce qui est énorme. À titre de comparaison, il n’y a en 2011 qu’environ 2 295 enfants de moins de 10 ans sur 25 360 habitants, soit à peine 9% de tous les Magogois.

Bien des facteurs expliquent que la pyramide des âges de 1891 a une base aussi élargie. D’abord, l’espérance de vie au Québec s’élève alors à 48 ans, ce qui, en 2011, est l’âge médian de la population magogoise! Dans un Magog où la marmaille est triomphante, il est donc tout à fait normal de ne croiser que quelques dizaines de sexagénaires ou de septuagénaires.

Ensuite, Magog est une ville en plein bouleversement. Le début des activités à l’atelier d’impression du coton, en 1884, puis à la filature, en 1888, a attiré ici des centaines de jeunes familles désireuses de miser leur avenir sur le textile. Or, on peut spéculer que peu d’adultes d’un âge avancé se sont mêlés à ces nouveaux arrivants venus d’un peu partout en province. À titre de comparaison, dans le Canton de Magog, qui n’a pas été touché par l’industrialisation, presque 40% de la population a plus de 30 ans.

Image de jeunesse, donc, indéniablement. Image idyllique, par contre, c’est une autre histoire. Car la réalité des années 1890 ne diffère en rien de la nôtre dans la mesure où elle comporte, elle aussi, sa part de défis. Pour munir cette génération montante de services répondant à ses besoins, notamment sur le plan scolaire, les Magogois devront mettre l’épaule à la roue et, il va de soi, la main dans leurs porte-monnaie.

Le plus grand challenge d’alors, comme d’aujourd’hui, demeure néanmoins celui de l’emploi. D’ores et déjà se profile le rôle déterminant du textile dont la croissance, et les crises, dicteront largement l’évolution de la ville et de sa population.

 

Serge Gaudreau, SHM