J’ai peur

«Que le temps passe vite!» Nous avons tous prononcé cette phrase au moins une fois dans notre vie. Dans la fleur de l’âge, elle ne prend qu’une demi-seconde à dire et on passe à autre chose. Mais quand on arrive en fin de parcours, on le dit encore, mais cette fois, on prend le temps de s’arrêter ; des frissons ou quelques larmes surviennent alors. Je n’ai pas peur de mourir, nous devons tous passer par là, mais les vraies questions sont : Comment vais-je mourir? Comment sera ma vieillesse? Ce sont elles qui me font peur.

J’aimerais bien rencontrer celui qui a défini la vieillesse comme étant l’Âge d’Or; j’ai des petites nouvelles pour lui. «Quiconque voit la vieillesse comme un âge d’or n’a pas dû avoir une jeunesse très excitante» Marguerite Whitely.

J’ai peur de la maladie d’Alzheimer, pas pour moi, mais pour mes proches qui devront me supporter.

J’ai peur de me retrouver dans un hôpital, peur de garder ma tête alors que mon corps devient une charge pour mes proches, peur de ce maudit cancer qui rôde partout.

Le temps passe de plus en plus vite quand on vieillit. Regardez un rouleau de papier de toilette qui arrive à sa fin… il se déroule beaucoup plus vite que quand vous l’avez installé. La vie, c’est comme ça. Plus vous avancez en âge, plus votre date de naissance arrive souvent et vos anniversaires ne sont plus des fêtes.

Quand tu vieillis, tu as la chance d’avoir de l’expérience, mais c’est inutile puisque personne ne te contacte pour en profiter. Quand un premier ministre quitte la politique, on lui demande de se cacher et de ne plus parler. Et quand, par exemple, un président quitte ses fonctions dans une organisation ou une entreprise, il est immédiatement remplacé et le nouveau président recommence à sa façon, mais bien souvent, il commet les mêmes erreurs. Il ne songe jamais à téléphoner à l’ancien président, c’est un vieux, un prédécesseur.

Chaque gouvernement, chaque municipalité devraient mettre sur pieds un comité consultatif permanent composé de personnes d’expériences. Cela éviterait de commettre les mêmes erreurs. Peut-être y aurait-il moins de guerres si on consultait les sages, au lieu de les tenir à l’écart. C’est absolument faux de dire que chacun de nous doit faire toujours ses propres expériences; on peut consulter et écouter les sages. On aurait aussi moins peur de vieillir si les «vieux» avec leur bagage de vie avaient toujours une place ou si leur expérience pouvait servir aux autres. La société se porterait beaucoup mieux.

Madame Pauline Marois, réunissez une fois par mois les ex-premiers ministres Jean Charest et Lucien Bouchard et, ensemble, discutez des problèmes du Québec; peut-être reculeriez-vous moins souvent, ceci dit avec respect et sans partisanerie.

Ma plus grande peur dans le fait de vieillir sera de voir dans les yeux de mes filles la tristesse lorsqu’elles me regarderont perdre mon autonomie.

 

Me Laurent Pelletier, avocat à la retraite

laurent@laupel.com