Retour aux techniques ancestrales

Avec des allumettes ou un briquet, il ne faut pas se cacher que l’art de faire du feu se perd un peu. La facilité qu’a apportée la modernité nous a fait oublier que le tout premier signe du feu remonte à environ 600 000 ans, dans une grotte européenne. Provenait-il d’un éclair qui avait embrasé une parcelle de forêt? Nous ne connaitrons jamais la réponse. Cependant, à cette époque lointaine où le feu n’était pas encore totalement maitrisé, l’homme qui avait pour fonction de conserver la flamme vivante avait pour ainsi dire la vie de toute sa tribu entre ses mains. Du nord jusqu’au sud, les hommes avaient besoin de cette source de chaleur pour se réchauffer et pour cuisiner. Le gardien du feu devait donc trouver des moyens de conserver cette flamme, coute que coute. Jusqu’au jour où, comme on aime le croire, des enfants auraient frotté suffisamment longtemps deux bouts de bois ensemble pour engendrer le feu. À partir de ce jour, l’homme possédait un atout majeur par rapport aux autres animaux peuplant la Terre.

Plus près de chez nous, aujourd’hui, un homme se souvient de ces manières ancestrales de posséder le feu et souhaite nous les partager. François Filion, propriétaire de l’école de vie et survie en forêt Manitou à Stukely-Sud depuis 2006, est amoureux de la nature depuis sa plus tendre enfance.

Déjà à ce moment, il rêvait de vivre dans une autonomie complète, mais il savait très bien qu’il ne pourrait y arriver sans créer le feu de ses propres mains. À force d’expérience, et après avoir suivi une solide formation en survie dans cette même école qu’il dirige aujourd’hui, il parvient à maitriser la bête qui ne se manifeste pas tous les coups. « On a oublié que l’autonomie d’un individu passe par le feu », souligne celui dont la passion se lit dans les yeux.

À cette école, il est possible d’observer la nature comme les peuples ancestraux de la Terre savaient le faire, d’apprendre à se débrouiller avec une carte et une boussole, de s’initier aux plantes médicinales, de tresser de la corde avec des plantes, de survivre en forêt et de faire du feu par friction. Pour cette dernière activité, on y apprend que chez les Amérindiens, chaque instrument de création du feu a sa fonction vitale. La poignée représente la droiture et la fermeté; la tige représente l’organe sexuel masculin; la planche sur laquelle le tison se forme représente l’utérus; l’amadou représente le nid pour recueillir l’embryon et l’oxygène représente le souffle de vie. Une fois le feu vivant, il devient autonome, mais nécessite qu’on le contrôle, car il peut devenir un monstre.

« Nous avons tout à portée de mains, il suffit de penser différemment », conclut sagement le directeur.

 

Pour en apprendre davantage sur cette école où le plein air est maitre, vous pouvez contacter Monsieur Filion au 819 829-8105.

École Manitou – 227, chemin Lefebvre, Stukely-Sud

infoecolemanitou@gmail.com

 

 

François Bouchard

Chroniqueur plein-air