Souvenirs sur grand écran

Les marquises des salles de cinéma laissent des souvenirs durables dans l’imaginaire collectif. Cette photographie, prise au début des années 1960, nous rappelle ce à quoi ressemblait celle du Théâtre Magog, au coin des rues Principale et Deragon.

Pour celles et ceux qui n’y ont jamais mis les pieds, le Théâtre Magog constituait au moment de son inauguration, le 10 novembre 1950, le plus moderne de nos cinémas. Plus âgés, le Palace – connu jadis sous le nom Wonderland – et le Capitole, sur la rue Principale Est près de Saint-David, cessent d’ailleurs leurs activités autour de cette période.

On estime à 180 000 $ le coût de cette salle spacieuse qui compterait 800 sièges, tous « très confortables ». La première, à laquelle assistent le gérant local Roger Choquette, son frère Léo, président des Théâtres Laurentide, ainsi qu’une brochette de dignitaires, constitue un événement rassembleur.

Sur la photo ci-jointe, c’est un film allemand de 1958, « Les fausses hontes », qui tient l’affiche. Ni son titre ni ses principaux acteurs – Hans Sohnker, Antje Geerk – ne resteront gravés dans les mémoires. Son thème, l’histoire d’un jeune femme qui songe à se faire avorter, illustre tout de même les changements sociaux qui s’amorcent et qui se refléteront dans le cinéma des années 1960.

D’autres productions plus célèbres illumineront l’écran du Théâtre Magog au fil des ans, de Mary Poppins à Love Story, en passant par L’exorciste ou Les dents de la mer. La file s’allonge alors sur le trottoir pour faire place aux curieux venus apprécier le « nouveau film » ou simplement passer une soirée en bonne compagnie. À cet égard, on ne se risquera pas à compter le nombre d’intrigues amoureuses qui se sont nouées, ou dénouées, dans cette salle populaire dont les activités prennent fin au tournant des années 1980.

Fait inusité : Magog se retrouve alors sans salle de cinéma pour la première fois depuis plusieurs décennies. Pour « aller aux vues », il faut désormais prendre la route de Sherbrooke. Les adeptes du septième art devront attendre le début des années 1990 avant qu’un nouveau complexe, le Cinéma Magog, ne voit le jour, lui aussi sur la rue Principale, mais à proximité de la rue Sherbrooke.

Serge Gaudreau