Des vols d’hélicoptère font jaser à Sainte-Catherine

Quarante-trois propriétaires de résidences situées sur les rues Low, Diana et Murray de Sainte-Catherine-de-Hatley ont déposé une pétition à la mairie ainsi que des plaintes à Transports Canada, signifiant leur objection face des vols d’hélicoptère dans leur secteur.

Les faits remontent au cours des derniers mois, alors que ces signataires ont été témoins de passage fréquents d’un hélicoptère qui, selon eux, survole leur paysage à raison d’une, deux et même trois fois par jours. Selon le porte-parole de ce mouvement citoyen, Jean-Léon Bouchenoire, plusieurs constats ont amené les résidants à aller de l’avant dans leur démarche. «Ces vols causent beaucoup de désagréments, particulièrement en ce qui concerne le bruit, explique le principal intéressé. Nous sommes dans un secteur résidentiel situé dans une région supposément paisible et tranquille. Pourquoi devrions-nous endurer autant de décibels au dessus de nos têtes sans rien dire? Ça dérange un paquet de gens qui souhaitent simplement retrouver une chose, la paix.»

M. Bouchenoire a du mal à comprendre pour quelle raison ces citoyens devraient accepter leur sort au détriment d’une seule personne. «Cette pétition représente près de 25 familles, donc des parents et enfants qui sont privés d’une partie de leur liberté. C’est épouvantable», conclut M. Bouchenoire.

Une utilisation à des fins médicales

Mais de son côté, le propriétaire dudit hélicoptère, Sam Fayer, a un discours complètement différent. Souffrant d’une grave maladie, il utilise ce moyen de transport uniquement à des fins médicales. Pour lui, l’utilisation de l’hélicoptère n’est rien de moins qu’une question de survie.

«J’ai souffert d’une grave leucémie au cours de la dernière décennie, raconte-t-il. En plus, j’ai dû recevoir deux greffes. Actuellement, je suis atteint de la sclérodermie. Je me déplace en fauteuil roulant et je ne suis même plus capable de m’habiller seul le matin. Voilà dans quel état que je me retrouve aujourd’hui.»

«Et ce n’est pas un plaisir pour moi de faire de l’hélicoptère, a-t-il assuré. Au contraire, ça me fait toujours peur d’embarquer à l’intérieur, mais c’est ce qui me permet de me rendre à destination plus rapidement et de retrouver une certaine qualité de vie. Alors, j’assume mon sort.»

M. Fayer se défend de prendre tous les moyens à sa disposition pour causer le moins de désagréments possible à ses voisins, lui qui possède une propriété d’une superficie de 15 acres. «Ce n’est pas parce que je suis un étranger que je ne me préoccupe pas des autres. Lors de mes déplacements, le pilote fait son possible pour ne pas passer directement au-dessus des maisons, tout en gardant une distance minimale de 1 000 pieds du sol comme l’exige le règlement. J’ai même changé mon parcours à la suite de plaintes, en installant mon entrée au-dessus d’une forêt pour ne déranger personne. Mes voisins immédiats ne se plaignent pourtant pas.»

Selon ce dernier, il est totalement faux de dire qu’il utilise son hélicoptère plusieurs fois par jour, et ce, sur une base quotidienne. «Je compte exactement 26 heures de vol au cours des six derniers mois. Et si on calcule qu’une arrivée ou un atterrissage prend environ 7 minutes, alors ça signifie que des voisins m’ont peut-être vu ou entendu pou un total de 182 minutes au cours de cette période. Ce qui me semble raisonnable. D’autant plus que je m’assure de circuler à des heures décentes, donc pas en fin de soirée ni aux petites heures du matin.»

Du côté de la Ville de Sainte-Catherine-de-Hatley, on assure être au parfum de la situation, qui semble se répéter occasionnellement ailleurs dans la MRC, particulièrement aux abords du lac Memphrémagog. Cependant, le fait que l’aéronautique est de compétence exclusive du fédéral revêt ce dossier d’une grande complexité. «On attend des réponses de nos avocats actuellement à savoir à quel point la Municipalité aurait le droit d’intervenir en ce qui concerne la nuisance par le bruit, a expliqué le maire Jacques Demers. Il faut aussi tenir compte de la spécificité de ce dossier, particulièrement en ce qui concerne l’utilisation à des fins médicales. Si ce moyen de transport est nécessaire à cette personne, alors on ne peut pas l’empêcher de se faire soigner. Il y a plusieurs éléments à tenir compte.»

Une rencontre avec Jacques Demers et les signataires de la pétition devrait avoir lieu au cours des prochaines semaines.