Dix questions à Gilles Bélanger

ENTREVUE. Le Reflet du Lac a rencontré le promoteur de la future Place Tourigny, Gilles Bélanger, qui suggère aux opposants de tourner la page. Témoignage d’un homme d’affaires qui souhaite créer 200 emplois le plus rapidement possible.

Quelles sont les dates de démolition, de construction et d’ouverture?

«Je veux mettre un terme le plus vite possible à cette saga. Je serai officiellement propriétaire dans les prochains jours après avoir signé les actes notariés. On démolira sous peu, mais il me manque des éléments pour fixer une date précise. On construira au printemps après la période de dégel. Je prévois tout compléter pour Noël 2016 ou au printemps 2017 au plus tard, mais il y aura assurément des entreprises en 2016.»

Il est d’ailleurs de visiter l’intérieur de la maison Tourignt en cliquant ici.

Quelle a été votre plus grande frustration dans la saga de la maison Tourigny?

«C’est de voir des gens se laisser aller à de grandes émotions dans les médias et de me coller l’étiquette de grand destructeur de patrimoine. Au contraire, je crois beaucoup au patrimoine et je m’implique déjà dans la sauvegarde du presbytère Sainte-Patrice et de la maison Merry.

Je suis entré dans un dossier où il n’y avait aucune offre sur un site fabuleux et où la démolition avait déjà été prévue par le passé à l’époque de la bibliothèque. La situation n’est pas agréable, car il y a eu une corrélation entre projet et démolition.»

La Maison Tourigny est dans quel état?

«Elle est dans un piètre état, dans une dégradation avancée avec moisissures, trous au plafond et murs. On doit faire des choix, comme la préservation du presbytère et de la maison Merry. On ne peut garder la maison Tourigny pour en faire un café, quand le gouvernement ne la classe même pas patrimoniale! On doit tourner la page, mais je vous assure que je suis attentif à tout ce qui se dit et que je vais améliorer le concept. Je ne pourrai cependant pas satisfaire tout le monde.»

Si vous demeuriez à côté de la Maison Tourigny, seriez-vous inquiets de voir votre quartier se transformer tel que vous le projetez de le faire?

«Pas du tout, ce ne sera pas un bar. Des professionnels y travailleront. Les voisins auront même accès au toit pour profiter d’un magnifique panorama. Ils seront fiers. Il n’y aura pas 2-3 bâtiments comme la future Place Tourigny et aucune autre démolition n’est au programme. De plus, la brique s’apparentera à celle du centre communautaire; on sera très loin de l’architecture du coin King-Jacques-Cartier à Sherbrooke.»

Comment gérer le problème de stationnement et de circulation engendré par l’arrivée de 200 travailleurs?

«Je n’ai aucune inquiétude à ce sujet. 200 travailleurs font moins de circulation qu’un commerce de détail avec 10 voitures à l’heure. Ces employés des TIC sont très vélo et marche, car ils habitent près de leur lieu de travail. Des stationnements, on va en faire sous le bâtiment et sous le stationnement extérieur.»

Est-ce qu’un bâtiment de quatre étages (plus de 15 m) était obligatoire et essentiel pour réaliser la Place Tourigny?

«Au niveau rentabilité, définitivement. On n’est pas à Montréal avec des seuils de rentabilité à deux étages. On aurait pu maximiser notre rentabilité avec 17 mètres, mais on a fait tout un effort pour ramener ça à environ 15 mètres avec des techniques architecturales. Cela a coûté de l’argent pour être plus bas que le centre communautaire.»

Si un jour, le secteur des technologies de l’information et des communications (TIC) est en déclin, que se passera-t-il avec la Place Tourigny? Se pourrait-il que l’endroit soit transformé en condos?

«Le secteur des TIC en déclin un jour, j’en doute énormément. Il y a eu des hauts et des bas depuis son arrivée dans les années 1990, mais il est actuellement en croissance, contrairement à d’autres secteurs. On ne pense pas condos, car les TIC ratissent larges avec des ingénieurs, des informaticiens, des architectes, avocats. On sera très flexible.»

Pourquoi les citoyens de Magog et en particulier le collectif «Sauvons la maison et l’îlot Tourigny» devraient-ils vous faire confiance?

«Parce que je n’ai pas fait un "fast food" comme premier projet à Magog, c’était l’École Montessorri. Ensuite, j’ai investi avec des partenaires pour construire un concept santé (Carrefour Santé Globale). Là, je veux créer des emplois pour faire différent des salons funéraires et des résidences pour retraités. Je veux penser à la relève, à nos enfants, à l’avenir.»

Avec tout ce qui s’est dit entourant la démolition de la maison Tourigny, crois-tu que les Magogois méritent que des gens, comme vous, investissent dans leur municipalité?

«J’aimerais que les gens comprennent que je suis un promoteur de projet, pas un promoteur immobilier. La différence est que j’ai eu des offres pour des usages qui ne me convenaient pas, même si elles étaient très rentables. La création d’emplois me motive, tout comme la venue de jeunes en quête de bons salaires.

Le tourisme est très important pour Magog, mais il est cyclique et offre des salaires moins élevés que les TIC. Je n’ai rien contre les emplois touristiques, mais Magog a besoin d’une industrie pour pallier aux creux saisonniers. J’aurais pu m’installer ailleurs, mais les gens des TIC sont des urbains qui se déplacent en vélo, à pied, et qui veulent travailler dans un centre-ville. Ces travailleurs animeront la rue Principale 12 mois par année.»

Comment l’histoire des familles Tourigny et Laforest ou le patrimoine de la maison seront-ils racontés à la Place Tourigny?

«Je travaille avec beaucoup d’intervenants sur des solutions pour assurer la pérennité de l’histoire de la maison et des gens y ayant vécu. Je tenterai de trouver des solutions pas trop technologiques avec des éléments à l’intérieur pour rappeler l’histoire.»